"Si Dieu existait, il faudrait s'en débarrasser..."
Tombé, un matin, sur cette phrase, déjà entendue et lue cent fois, bien sûr, mais dont le comique, soudain, a éclaté à mes yeux, tant et si bien que j'ai, moi, éclaté de rire : "Mais on ne fait jamais que ça ! Tout le temps, toute sa vie !" J'ai repensé à cette phrase de Torok : "On refoule l'enfant comme on respire."
Et peut-être bien s'agit-il de la même chose. Les trois-quarts du temps, il me semble que tout le monde dépense une énergie folle à ne pas le laisser entrer, alors même qu'il n'a pas l'intention de forcer la porte. Pas seulement les athées ou les agnostiques, mais aussi les dévots. Peut-être eux, plus encore : la piété, les rites, le respect des règlements, la flagellation, la façon de se rassurer, de prier, dans tout cela occupés de nous-mêmes et seulement de nous-même, nous passons notre temps à Lui tourner le dos. S'en débarrasser ? Tu parles d'un exploit !
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Heures un peu paisibles, un peu tristounettes. Ou plutôt sans gaieté. L'absence de gaieté est-elle en soi une tristesse ?
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Hier, vu la première partie du documentaire d'Arnaud Desjardins sur les soufis afghans. Très beaux murshids, très beaux visages de murshids. C'est vrai que les murshids sont fabuleusement beaux. Arnaud Desjardins dit que souvent, quand, au bazar, avec un ami, il se mettait en quête de tel ou tel maître dont on lui avait dit qu'il travaillait là, ils le reconnaissaient instantanément, parmi d'autres boutiquiers, à son regard. Je comprends très bien ce qu'il dit. Un regard de murshid, ça ne s'oublie jamais, jamais. Et quand on rencontre le sien, quel bonheur de se découvrir une âme potentiellement si belle. Qui se connaît, connaît son Seigneur, l'inverse aussi : Qui connaît son maître voit son âme.
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Passé l'Ascension, allongée sur mon lit, à relire trois livres en même temps : Angélique et la démone (presque fini), Adios, Tierra del Fuego (fini), le volet 3 des voyages d'Ibn Battûta (en suis encore au tiers, Ibn Battûta, en plus d'être antipathique, est un raconteur mortellement ennuyeux, le seul divertissement de ses récits est quand il lui arrive des tuiles).
Du coup, le lendemain, courbatures aux abdominaux, comme si j'avais passé ma journée à faie des pompes. La lecture peut être décidément un exercice physique, et parfois périlleux : il y a deux ans, j'avais eu une sciatique comme ça.
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