samedi 28 janvier 2012





American Horror Story est de plus en plus drôle, tellement la plupart des personnages sont débiles : Hormis Constance, Addy, Tate et Violet, tous apparaissent comme de vrais tarés pathétiques, ce qui fait que lorsqu'il leur arrive des ennuis, c'est plutôt poilant.  

Little Miss Sunshine : gentil, mignon, pas renversant quand même.

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Joue de bœuf normande : cidre, oignons, lardons, pommes de terre et carottes, gingembre.

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'Un drame personnel intime' a dit le président de la république française, qui n'est pas homme à énoncer des définitions incertaines. 

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On me met en main un recueil de poésies grivoises et paillardes en kurde,  'pour avoir ton avis'. Ça mène à tout, l'École du Louvre.

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À l'institut, le jour du Nouvel An chinois, les Kurdes décident de tirer les Rois. 


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Il faudrait, chaque matin, consulter sa météo intérieure pour savoir, encore plus que décider, si ce jour sera gris, tonique, gai, en tourment ou en douleurs, en joie, etc. S'habiller l'âme en conséquence, alors. Sinon, rien ne m'agace plus que la formule mécanique – ça va ? ; et qu'en sais-je, moi, si ça va ? 

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Féérie de Little Nemo.

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Féerie de certaines listes :

adagio : affliction; lamento : plaintes; andante : espérance; affetuoso : amour; allegro : réconfort; presto : désir.

menuet, gavotte, bourrée, rigaudon, marche, entrée, gigue, polonaise, anglaise, passepied, rondeau, sarabande, courante, allemande; sicilienne.

choral, aria, cavata, recitativo, cantata, duetto, terzetto, chœur. serenata, balletto, pastorale, opéra, dialogues, oratorio, concerto da chiesa, motets. 

fantaisies : boutades, capricci, toccate, préludes, ritornelli.

 Ciacona et passacaille, intrada, sonata, concerto grosso, sinfonia, ouverture.


Par Mattheson, dans Le Moulin et la Rivière, de Gilles Cantagrel.


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Maintenant les trains ne sont plus en panne, mais 'en détresse'. Sortez vos mouchoirs et larguez les canots. #Dictionnaire de la SNCF.

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Lire la 4 de couv' de 'La couleur de l'âme des anges' donne la mesure de l'ignorance crasse de l'Occident en matière d'angélologie.

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salade de gésiers, pommes de terre, scarole.


samedi 21 janvier 2012


Le massacre des Jedi dans le Star Wars 3 m'a fait penser à celui des S.A dans Les Damnés. Du coup, c'était (un peu) moins chiant.

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Blanquette de cabillaud, queues de crevettes, champignons, crème, vin blanc.

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'Naufrage du Concordia : 3 rescapés sauvés' : la presse française, amie de la précision utile.

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American Horror Story : ils ont mis l'âme de Draco Malfoy dans les corps des jumeaux Weastley. Ça fait moyennement (très) peur mais c'est assez drôle.

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Gustav Leonhardt est mort. Cela me rend plus nostalgique que triste – il s'en est allé rejoindre le Kantor, après tout. Mais c'est une flamme essentielle qui s'en va de la terre et nous laisse ; il y en aura d'autres, mais jamais celle-ci. Ce sont les saints qui passent et s'en vont ; car les grands musiciens sont des saints puisqu'ils relient le ciel et la terre.

Leonhardt, Jerphagnon, mes idoles s'en vont… cela dit, à être ainsi gérontophile je m'expose, forcé.

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Il neige à Diyarbakir, à Duhok. Envie d'être là-bas. 

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Envie de me refaire un blog de musiques, juste les pochettes, les infos de base, avec parfois un avis ou une citation intéressante. Je demande au Gascon une idée pour un nom de blog. Il fait :  'hmmmm… te connaissant, ce sera en rapport avec Bach, et j'aime les titres courts et claquants.' 

Je dis : 'ok', et, en toute logique j'intitule le blog Put your loving arms around me, d'abord parce que c'est le premier album qui vient dans ma biblio Itunes et que je raffole de ce morceau. Bach se retrouve juste dans l'adresse. 

mercredi 18 janvier 2012

Gustav Leonhardt


"Je suis devenu musicien pour ne pas parler." Et pourtant quel flot de commentaires, ce musicien retiré, solitaire, calviniste résolu n'a-t-il pas suscité ! Et quels jugements à l'emporte-pièce, derrière lesquels pointe une intransigeance doublé d'un savoir unique gagné de haute lutte, n'a-t-il pas osé non plus ("Glenn Gould ? Oh ! c'est terrible : à l'opposé de la musique de Bach", ou : "Fischer, Richter, Arrau dans Bach ? Non, vraiment, allons, aucun intérêt."). Si l'on peut considérer, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la naissance de la musique baroque comme proprement miraculeuse, c'est aux trois mages, dont il est – avec Alfred Deller et Nikolaus Harnoncourt –, qu'on la doit. Grâce lui soit rendue, in sæcula sæculorum. Leonhardt a fait venir le premier de Londres en 1954 pour un disque Bach d'anthologie, et a partagé avec le second, entre Amsterdam et Vienne, l'aventure inédite dans l'histoire du disque de la gravure de l'intégrale des Cantates de Bach ("au début, nous pensions en venir à bout en cinq ans : il nous en a fallu dix-huit !"). Pour beaucoup de mélomanes, au fil des années,, Leonhardt est devenu au sens propre indissociable de la figure de Bach, qu'il a interprété au clavecin et en pied, perruqué et poudré, dans le film de Danièle Huillet et Jean-Marie Straub,Chronique d'Anna Magdalena Bach (1967). Paradoxe, en vérité : d'un côté, Leonhardt est sans doute l'homme qui aura le plus fait pour la remise à jour de la musique de Bach, dont il édite L'Art de la fugue dès 1952, cependant qu'il dit rester inconsolable de son succès, que rien ne laissait prévoir, puisque le public toujours plus nombreux – "passé, en cinquante ans, de trois mille à trente millions ! – ne croit plus désormais, sauf exceptions, les paroles de la liturgie et, comble de la vulgarité, applaudit à la fin des Passionsou de la Messe en si ("Dona nobis pacem. Bravo ! les saluts ! les fleurs ! ça veut dire que nous n'avons rien compris à ce que nous venons d'entendre.")
Amateur de bolides et de James Bond, Leonhardt se distingue de ses collègues, dont l'immense majorité des clavecinistes qu'il a formés ou inspirés, pour être "l'apôtre du détail" (Ivan A. Alexandre), au point de rejeter en bloc depuis 1985 toute vélléité d'opéra, par refus des mises en scène modernistes et, à ses yeux, simplistes. Proust baroque, d'une intégrité sans faille, ne publie-t-il pas lui même de nombreuses versions des mêmes œuvres (ainsi les Variations Goldberg, à trois reprises, L'Art de la fugue, lesPartitas, les Suites françaises et anglaises à deux reprises), pour se corriger toujours et continuer plus avant (c'est-à-dire en aval) sa recherche, qu'on pourrait qualifier d'optimiste, du temps perdu ? Que ce soit au clavecin, à la tête de l'ensemble qu'il crée avec les Kuijken, La Petite Bande, ou à la tête de groupes de circonstance, Leonhardt a imprimé, quoi qu'il ait approché, une marque proprement souveraine et mystique à la musique de Bach.
Il conçoit son rôle de médiateur, exactement comme s'il était le prêtre d'une messe pour les fidèles (parmi lesquels très peu d'élus). "Quand Bach prend la plume, il donne le meilleur de lui-même, toujours, quelle que soit la destination de l'œuvre, une occasion qui peut nous sembler négligeable ou une pièce pour les débutants. Rien n'est médiocre dans sa production car il savait – en tout cas, je le pense – qu'il avait reçu ce don de Dieu et qu'il devait à son tour le transmettre."
Tout Bach, dir. Bertrand Dermoncourt, (ed.Robert Laffont).



mardi 17 janvier 2012

La joie du drame est aussi merveilleuse à supporter que celle du bonheur


Giambattista Pittoni
1758

Gallerie dell'Accademia, Venise
Hubert Reeves, aux Racines du Ciel, disait que nous étions si peu évolués que pas (encore ?) capables de comprendre quelque chose comme Dieu, le Mal, le sens de la vie, hormis à notre petite échelle d'humain, notre minuscule et misérable cervelle. Enfin, il le disait plus poliment à l'égard des humains, mais c'est ça, qui est la réponse de l'Éternel à Job : regarde le crocodile, l'hippopotame, l'ouragan, et vois si tu peux comprendre, avant de te plaindre. 


Écoutant l'aria 2 que j'aime, de la cantate BWV 10, le 'Herr Der du Stark und mächtig bist', paraphrase de Magnificat dont j'ai déjà écrit qu'il montrait 'la juvénilité sautillante 'de la petite jeune fille qui n'en peut plus de chanter sa joie à perdre haleine, comme une enfant devant la poupée qu'elle a attendue à Noël, plus que comme une enfant apprenant qu'elle va enfanter', je me disais aussi que cette poupée de Noël, c'était aussi la future piéta qu'elle allait tenir en ses bras, et que ces roucoulades de joie chantaient tout aussi bien la Nativité que la Passion et puis la Résurrection et puis l'Ascension et puis la Pentecôte, c'est-à-dire joie-souffrance-mort-vie-départ-retour, et comme disait Dieu à Job : sais-Tu les secrets du monde pour te plaindre ? 

La joie du drame est aussi merveilleuse à supporter que celle du bonheur. Alors oui, comme le dit Reeves, il nous manque encore quelque chose pour comprendre.

Ainsi, il nous faudrait peut-être sautiller et battre des mains devant tout ce qui nous frappe, non seulement le 'drame de la joie comme celui du malheur' comme disait Blanchot, mais aussi le bonheur du bonheur et le bonheur du malheur : joie d'amour, joie de peine, joie de guerre, joie de sérénité, joie de mort, joie de vie, devant les 'coups de pieds à l'âne et la vierge déshabillée', remplacer le Je vous salue Marie de Francis Jammes par le 'joie, joie, pleurs de joie' de Pascal. Et ceci devant le cancer, la faim, le deuil, l'hiver et le vent glacé comme devant le soleil, la fleur, l'hirondelle qui annonce le printemps, et les couronnes d'Avent et les cloches de Pâques : 'Herr, der du Stark und mächtig bist'. 


"Être maudit, être béni, c'est apprendre avec une égale force l'étrangeté, le caractère incompréhensible du destin et recevoir en noir et blanc une lumière du vrai soleil. Entre ces deux situations il y a d'ailleurs une grande parenté. Toutes deux s'accompagnent d'angoisse, angoisse déchirante et tragique lorsque l'inconnu se révèle sous la forme d'un abîme, angoisse douce, bouleversante, quand l'inconcevable nous ravit et nous enlève à nous-mêmes. Le drame de la joie est aussi difficile à supporter que celui du malheur. Car l'un et l'autre nous mettent en contact avec une réalité originale, absurde, incompatible avec nos conditions de vie, toute-puissante, toute surprenante, qui n'a en elle-même aucun principe de fin, point d'issue, point de limite." 
Maurice Blanchot, Chroniques littéraires du Journal des Débats, avril 1941-août 1944.

samedi 14 janvier 2012


Vu Star Wars II. C'est quand même pas très palpitant. Le défaut de la science-fiction, par rapport à la fantasy, c'est qu'ils ne peuvent pas monter dans un véhicule sans expliquer le pourquoi du boulon et de la force électro-thermo-machin-chose autour d'eux. Comme si, dans la vie, un conducteur se croyait obligé d'enseigner le principe du moteur à explosion dès qu'il embarque un passager dans sa voiture. La fantasy, c'est plus réaliste, de ce point de vue : ça marche comme ça, et on ne s'interroge pas plus là-dessus que moi sur le fonctionnement de mon frigo.

Même défaut descriptif dans les romans historiques : cette manie de détailler chaque bouton de culotte ou chaque moulure de style, faisant de chaque scène un cours d'arts déco.

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crème de carottes, lait de coco, gingembre africain, piment, cuisse de chapon rôtie.

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rôti de chevreuil avec marinade au vin blanc, écrasées de pommes de terre à la truffe, un verre de Pessac-Léognan.

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Dévoré toute la soirée Un amour de Swann comme si je ne l'avais jamais lu, comme si je brûlais de connaître la fin, et en fait, oui :  Je découvrais une histoire palpitante dont je voulais savoir la fin. Sur une période de 20 ans, je n'ai jamais lu la même histoire, dans La Recherche. Question d'expériences :  en fonction de ce que l'on a vécu, ou fait vivre à d'autres, comme la lanterne chinoise dans la chambre d'enfant du narrateur, les histoires et les héros s'éclairent différemment.

Je n'avais d'ailleurs jamais noté que Swann était un ancien de l'École du Louvre. Il était temps de m'en apercevoir. 

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Parfois, dans ces périodes où je rêve beaucoup, des rêves qui ne me concernent même pas, je vois évoluer des personnages absolument inconnus, dans des intrigues compliquées qui ne sont pas moi. Je me demande alors s'il n'arrive pas qu'on puisse pêcher des rêves, dans le sommeil, à un vaste océan d'inconscients dormant de même autour de nous ; en bref, dans des concentrations humaines, rêver les rêves des autres, des rêves presque publiques, anonymes. En dormant, nous devenons peut-être tous des Little Nemo, au sens où Nemo c'est personne et tout le monde. 



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"C'est singulier, en littérature, la chose faite ne vous tient plus aux entrailles. L'œuvre que vous ne nourrissez plus, vous devient pour ainsi dire étrangère. Il vous prend de votre livre une indifférence, un ennui, presque un dégoût." Journal des Goncourt, 27 janvier 1859.

Allons, je ne suis pas seule à éprouver ça, presque la détestation de mes livres (et, en ce qui concerne, cela va plus loin, dans ma propre vie).

'On ne fait pas les livres qu'on veut. Il y a une fatalité dans le premier hasard qui vous en dicte l'idée. Puis c'est une force inconnue, une volonté supérieure, une sorte de nécessité d'écrire qui vous commandent l'œuvre et vous mènent la plume ; si bien que quelquefois le livre ne vous semble pas sorti de vous-même : il vous étonne comme quelque chose qui était en vous et dont vous n'aviez pas conscience.' Février 1861.

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.