samedi 31 décembre 2005

Le concept d'histoire


"Ce qui pour nous est difficile à comprendre est que les grandes actions et les grandes oeuvres dont les mortels sont capables, et qui deviennent le thème du récit historique, ne sont pas vues comme les parties d'un tout qui les enveloppe ou d'un processus ; au contraire, l'accent est mis toujours sur des cas singuliers et des gestes singuliers. Ces cas singuliers, actions ou événements, interrompent le mouvement circulaire de la vie quotidienne au sens où la bios rectiligne des mortels interrompt le mouvement circulaire de la vie biologique. La substance de l'histoire est constituée par ces interruptions autrement dit par l'extraordinaire.


Quand dans l'antiquité tardive des spéculations commencèrent sur la nature de l'histoire au sens d'un processus historique et sur le destin historique des nations, leur ascension et leur déclin, où les actions et les événements particuliers étaient engloutis dans un tout, on pensa d'abord que ces processus devaient être circulaires. Le mouvement historique commença d'être construit à l'image de la vie biologique. Dans les termes de la philosophie antique, cela pouvait signifier que le monde de l'histoire avait été réintégré dans le monde de la nature, le monde des mortels dans l'univers qui est à-jamais. Mais dans les termes de la poésie et de l'historiographie antique, cela signifiait que le sens antérieur de la grandeur des mortels, distinguée de la grandeur assurément plus haute des dieux et de la nature, avait été perdu."


vendredi 30 décembre 2005

De l'inconvénient d'être né


"Gogol, dans l'espoir d'une "régénération", se rendant à Nazareth et s'y ennuyant comme "dans une gare en Russie", c'est bien ce qui nous arrive à tous quand nous cherchons au-dehors ce qui ne peut exister qu'en nous."

"Aller aux Indes à cause du Védânta ou du boudhisme, autant venir en France à cause du jansénisme. Encore celui-ci est-il plus récent, puisqu'il n'a disparu que depuis trois siècles."

"Flaubert, devant le Nil et les Pyramides, ne songeait, suivant un témoin, qu'à la Normandie, aux moeurs et aux paysages de la future Madame Bovary. Rien ne semblait exister pour lui en dehors. Imaginer, c'est se restreindre, c'est exclure : sans une capacité démesurée de refus, nul projet, nulle oeuvre, nul moyen de réaliser quoi que ce soit."


jeudi 29 décembre 2005

De l'inconvénient d'être né


"Il existe une connaissance qui enlève poids et portée à ce qu'on fait : pour elle, tout est privé de fondement, sauf elle-même. Pure au point d'abhorrer jusqu'à l'idée d'objet, elle traduit ce savoir extrême selon lequel commettre ou ne pas commettre un acte c'est tout un et qui s'accompagne d'une satisfaction extrême elle aussi : celle de pouvoir répéter, en chaque rencontre, qu'aucun geste qu'on n'exécute ne vaut qu'on y adhère, que rien n'est rehaussé par quelque trace de substance, que la "réalité" est du ressort de l'insensé. Une telle connaissance mériterait d'être appelée posthume : elle s'opère comme si le connaissant était vivant et non vivant, être et souvenir d'être. "C'est déjà du passé", dit-il de tout ce qu'il accomplit, dans l'instant même de l'acte, qui de la sorte est à jamais destitué du présent."

"On peut supporter n'importe quelle vérité, si destructrice soit-elle, à condition qu'elle tienne lieu de tout, qu'elle compte autant de vitalité que l'espoir auquel elle s'est substituée."

"La pensée n'est jamais innocente. C'est parce qu'elle est sans pitié, c'est parce qu'elle est agression, qu'elle nous aide à faire sauter nos entraves. Supprimerait-on ce qu'elle a de mauvais et même de démoniaque, qu'il faudrait renoncer au concept même de délivrance."

"Ce "glorieux délire", dont parle Thérèse d'Avila pour marquer une des phases de l'union avec Dieu, c'est ce qu'un esprit desséché, forcément jaloux, ne pardonnera jamais à un mystique."

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vendredi 23 décembre 2005

mercredi 21 décembre 2005

Harlem Quartet


"Si la vie de quelqu'un d'autre vous absorbe à ce point, cela veut dire que vous avez peur de la vôtre - comme les missionnaires et les anthropologues, fripouilles au grand coeur et aux fesses serrées - et, pourtant, il est vrai aussi - poupées russes ! - que nous sommes tous, pour toujours et chaque jour, partie intégrante."


samedi 17 décembre 2005

Harlem quartet


"Peut-être tous les chants gospel sont-ils nés du blasphème et de la présomption - ce que l'Eglise appellerait blasphème et présomption : s'identifier à la souffrance de Dieu et la faire sienne, s'identifier à sa propre souffrance et mette le Tout-Puissant au défi d'accorder ou de refuser sa miséricorde. Nous serons deux au pied de la pitié : mon Dieu et moi !"


Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.