vendredi 31 décembre 2004

Et ça continue... Incendie dans une boite de nuit argentine. 175 morts et 619 blessés, le pire icnendie que l'Argentine ait connu, bla bla. C'est horrible la satisfaction de dire je vous l'avais bien dit, n'empêche que je vois bien que ça confirme qu'il faut se terrer chez soi entre Noël et l'Epiphanie, le temps où le chaos primordial se réactualise, où les démons sortent, les morts reviennent, durant les douze jours intercalaires qui suivent le solstice d'hiver. En bref, on respirera aux Rois.

Et comme cette année, le chaos fut particulièrement gratiné, je suis curieuse en attendant le solstice d'été.

mercredi 29 décembre 2004

L'année dernière ça tremblait en Iran, 10.000 morts non ?. Là plus de 100.000 morts et la terre qui sursaute et tourne plus vite, et on se foutait de moi quand je disais que les solstices c'est toujours la cata ! mais j'inventais rien moi, c'est dans presque toutes les mythologies...

Y a que les animaux qui apparemment s'en sortent. Les animaux sont moins cons, faut croire. Si ça se trouve c'est une épuration terreste, un nettoyage de la planète, de l'espèce la plus inutile et la plus malfaisante.

Ou si ça se trouve, comme dit Nabe, c'est parce que "l'homme n'est pas assez gentil avec Dieu", ça lui apprendra !

lundi 27 décembre 2004

Comme c'est triste

Parmi les 20.000 victimes du tsunami, il y a 2 Français. C'est horrible.

samedi 25 décembre 2004


Sur la sacro-sainte tolérance, valeur suprême de notre début de siècle avec le pacifisme et (bientôt rejoints par le végétalisme et les campagnes anti-foie gras) réflexions moqueuses et fines de Jankélévitch : est-ce que les tolérants au fond ne sont-ils pas foncièrement, au choix ou séparément : hypocrites, méprisants, élitistes ? La tolérance, une vertu ? mon oeil ! semble-t-il dire ? Regardez-vous un peu dans le miroir... Pourquoi, au fond, êtes-vous tolérants ? Et l'êtes-vous tant que ça quand vous l'affichez ? Et finalement, êtes-vous des gens bien parce que tolérants ? ou le contraire, d'affreux brahmanes méprisants ou calculateurs ?

"Ne pas toucher : ceci est commun aux conduites de tolérance et aux conduites de pureté ; le pur craint que l'intouchable ne lui donne ses pous ; le tolérant, plutôt que de violenter ou d'endoctriner son prochain, préfère ne pas le toucher. - Autrui, pour le tolérant, est un être opaque et impénétrable qu'on ne peut ni aimer ni comprendre, et qu'on a même renoncé à sauver. Nous nous désintéressons du salut de son âme. Désespérant de convertir celui qui est dans l'erreur, le tolérant abandonne le toléré à son sort ! Il le tolère tel qu'il est. Si nous tolérons l'adversaire, cela veut dire du même coup que nous ne chercherons pas à l'améliorer, que nous renonçons à l'amender, que nous le laisserons croupir dans sa crasse et ses erreurs. Entre la tolérance et le mépris, il y a des transitions insensibles, et l'on peut glisser de l'un à l'autre facilement facilement. Par la tolérance, l'homme paraît s'installer définitivement dans son statut de déchirure."

Ceci naturellement, peut s'appliquer aussi bien pour un croyant supportant avec un sourire bénin les athées ou mécréants, qu'un athée tolérant avec "indulgence" ces doux dingues de croyants, sans pour autant admettre qu'ils se rendent coupables de prosélytisme. Dans les deux sens, le prosélytisme, mal absolu ? Pourtant...

"Je supporte mon prochain, mais cela ne nous dit pas dans quel esprit je le supporte, ni pour quelle raison. Et si c'était par dédain ? Je dédaigne d'entrer en discussion avec lui et de lui faire la guerre. La motivation des conduites de tolérance est aussi variable que celle des conduites de patience. Son motif peut n'avoir rien de spécialement moral, comme le prouve le monde d'aujourd'hui, où l'on est souvent tolérant dans l'espoir que le fruit mûrira tout seul ; peut-être n'aurons-nous pas besoin d'assassiner, ni de convertir notre prochain, peut-être se convertira-t-il tout seul, par la force des choses ; il n'y aura plus qu'à cueillir le fruit lorsqu'il sera mûr. Tel est le motif inavoué de la "co-existence" plus ou moins pacifique dans un monde déchiré où règne l'équilibre de la terreur et où des adversaires irréconciliables se tiennent mutuellement en respect. Cette coexistence est évidemment une coexistence sans sympathie, une coexistence où le coeur n'est pas : c'est en vertu de cette tolérance qu'un peuple supporte un autre peuple, qu'un système tolère un autre système ; se jugeant lui-même dirigé dans le sens de la marche et de l'histoire, il pense que sa cause l'emportera fatalement un jour ou l'autre, et qu'il suffit de savoir attendre. A ce point de vue, la tolérance est simplement une tactique qui fait confiance au temps."


vendredi 24 décembre 2004

On s'en fout.

Zinédine Zidane fête Noël à la Réunion.

"Toutes époques, toutes années, tous siècles mélangés,
Tout tend vers la chaleur et fuit vent et froidure.
Pourquoi vers le grand nord, ceux-ci vont-ils s'envoler,
Alors que les oiseaux sont supposés aller au sud ?

Ils n'ont nul besoin de gloire, de grandeur.
Et le bout de leurs ailes est laqué par la glace.
Et oiseaux, d'oiseaux ils trouvent leur bonheur,
Comme juste récompense de leur audace.

Qu'est-ce qui nous empêchait de vivre, de dormir ?
Qui donc nous a jetés sur la route aux dangers ?
Les aurores boréales sont encore à venir,
Elles se produisent rarement : elles sont recherchées !

Silence. Seules des mouettes telles des éclairs.
On leur donne à manger dans la main le néant.
A notre silence, en récompense, c'est clair,
Il y aura un son inéluctablement.

Cela fait si longtemps que nous rêvons en blanc,
Toutes les autres teintes de la neige se sont fondues.
Nous sommes aveuglés de blancheur depuis longtemps,
Par ses bandes noires, la terre nous redonnera la vue.

Notre gorge s'affranchit du silence.
Comme une ombre fondra notre fragilité.
En récompense à nos nuits de désespérance,
Nous aurons le jour polaire dans son éternité.

Grand nord, espoir, liberté, pays sans limites,
Neige sans boue, comme une longue vie sans mensonge.
Le corbeau n'ira pas nous caver les orbites
Car, à venir ici, nul oiseau de proie ne songe.

Celui qui ne croit pas aux prophéties ridicules,
Ne s'allonge pas dans la neige, une seule seconde,
Verra, en récompense de sa solitude
Quelqu'un venir à sa rencontre."

V. Vissotsky, Le Grand Nord (1972).
Chanson du film 72 degrés en-dessous de zéro
Trad. Michel et Robert Bedin.

jeudi 23 décembre 2004

Honni soit qui mal y pense

Mouvements sociaux à la SNCF. Perturbation des trains sur Paris EST, du vendred 24 à 12 h jusqu'au dimanche 26 au soir...

et ceux qui y verraient une coïncidence avec les fêtes de Noël ont mauvais esprit.

mercredi 22 décembre 2004

mardi 21 décembre 2004

"Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux !
Heureux les affligés car ils seront consolés !
Heureux les débonnaires, car ils hériteront la Terre !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! Heureux ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu ! Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux."

Je ne suis pas "chrétienne", puisque je ne crois pas à la divinité du Christ. Mais dans ces paroles-là passent quelque chose de profond, d'essentiel, le minimum d'esse dans le maximum d'amor, comme dirait Jankélévitch. Face à l'antique et noble Bible, ces mots simples coupants et purs ont conquis le monde. La loi juive n'était pas assez aimante pour être universelle et ce n'est d'ailleurs pas son souci. Quand l'islam s'est dressé contre le christianisme, il ne s'est pas dressé contre cet évangile-là, mais contre ce que 6 siècles de querelels, de conciles, de chipotages byzantins en avaient fait.

Sinon, je crois que cela me consolerait plus d'être manichéenne. L'idée d'un dieu en lutte contre le mal est plus réconfortante qu'un dieu tout puissant, en ce sens qu'on peut se dire qu'il se bat avec nous (ou nous contre lui) plutôt que le mal qui nous advient soit toujours de sa volonté, ou du moins de son laisser-faire. D'un autre côté, beaucoup de gens se sentiraient un brin paniqué d'un dieu plus faible qu'ils ne l'avaient imaginé.

mercredi 15 décembre 2004

C'est vrai que la déchristianisation galope.... pour parler d'une musique liturgique, en ce moment sur France musique : "Le Carême ? euh... c'est un peu notre ramadan... c'est les 46 jours avant Pâques, euh..."

Je ne sais pas si c'est bien, croyant ou non, d'ignorer à ce point la liturgie chrétienne, quand on parle de musique religieuse... Un peu comme si en parlant de peinture religieuse on ignorait tout à fait que qu'est l'Assomption, la Dormition, etc...

En tous cas, c'est drôle, qui a dit que l'Europe était islamophobe ?

dimanche 12 décembre 2004

Gracian. L'Homme de cour. Curieux mélange, qui me laisse une impression mitigée, donc. Par certains côtés, un esprit très déplaisant, qui recommande avec sécheresse l'hypocrisie, la flagornerie, une habileté et un coeur froid et cela pour quoi ? Pas grand chose, une place, l'art de plaire, le néant de l'apparence de la courtisanerie. De belles phrases aussi, une lucidité tactique, quelque chose de Sun Tzu, mais L'Art de la guerre présente des ruses moins mesquines, puisque la mort et la perte encourues au combat donnent à tout ça un autre enjeu, plus essentiel. Machiavel idem, c'est la force, le pouvoir et l'art de ne pas être renversé quand on s'en empare. Mais dans L'Homme de cour, de quoi s'agit-il ? d'être bien vu dans les salons et les antichambres des ministères ? ça a quand même moins de gueule... Cela m'intrigue que Jankélévitch le cite autant. Il n'y a rien de moraliste dans Gracian, mais ce n'est pas non plus un cynique. Il donne un ensemble de recettes pour réussir dans ce qui reste tout de même l'inanité, le creux.

Cela dit, certains propos sont beaux, et bien tournés. Il faut simplement les appliquer en oubliant ce à quoi l'auteur les destinait, lui.

Ainsi, cela, qui vise la mode de l'élégie, et peut viser le diarisme intimiste (et donc moi-même) :

"NE POINT MONTRER LE DOIGT MALADE

Car chacun viendra y frapper. Garde-toi aussi de t'en plaindre, d'autant que la malice attaque toujours par l'endroit le plus faible ; le ressentiment ne sert qu'à la divertir. Elle ne cherche qu'à jeter hors des gonds ; elle coule des mots piquants, et met tout en oeuvre jusqu'à ce qu'elle ait trouvé le vif. L'homme adroit ne doit donc jamais découvrir son mal, soit personnel, ou héréditaire, attendu que la fortune même se plaît quelquefois à blesser à l'endroit où elle sait que la douleur sera plus aiguë. Elle mortifie toujours au vif ; et, par conséquent, il ne faut laisser connaître ni ce qui mortifie, ni ce qui vivifie, pour faire finir l'un et faire durer l'autre."

La dissimulation absolue, donc. Si les Grecs craignaient l'ubris dans le bonheur, c'est-à-dire un excès de fortune qui devait entraîner fatalement l'irritation des dieux et le rabotage divin de cette félicité humaine si offensante à l'Olympe, Gracian voit pire, attend pire de la Fortune : dissimule ton bonheur, dissimule ta douleur, car la Fortune te frappera immanquablement là où tu auras montré ta faiblesse, quelle qu'elle soit, heureuse ou malheureuse. "


SE SAVOIR AIDER

"Dans les rencontres fâcheuses, il n'y a point de meilleure compagnie qu'un grand coeur ; et s'il vient à s'affaiblir, il doit être secouru des parties qui l'environnent. Les déplaisirs sont moindres pour ceux qui savent s'assister. Ne te rends point à la fortune, car elle t'en deviendrait plus insupportable. Quelques-uns s'aident si peu dans leurs peines, qu'ils les augmentent faute de savoir les porter avec courage. Celui qui se connaît bien trouve du secours à sa faiblesse dans la réflexion. L'homme de jugement sort de tout avec avantage, fût-ce du milieu des étoiles."


L'école du courage. On insiste plus guère là-dessus, comme remède à la souffrance.

Et ces propos sur le secret, qui correspondent trop bien à ma pente, aussi je les mets pour ce qu'ils sont :


SE RETENIR DE PARLER, C'EST LE SCEAU DE LA CAPACITE

"Un coeur sans secret, c'est une lettre ouverte. Plus il y a du fonds, les secrets y sont profonds, car il faut qu'il y ait de grands espaces et de grands creux, là où peut tenir à l'aise tout ce qu'on y jette. La retenue vient du grand empire que l'on a sur soi-même, et c'est là ce qui s'appelle un vrai triomphe. L'on paie tribut à autant de gens que l'on se découvre. La sûreté de la prudence consiste dans la modération intérieure. Les pièges qu'on tend à la discrétion sont de contredire, pour tirer une explication ; et de jeter des mots piquants, pour faire prendre feu. C'est alors que l'homme sage doit se tenir plus resserré. Les choses que l'on veut faire ne se doivent pas dire, et celles qui sont bonnes à dire ne sont pas bonnes à faire."


"NE POINT MENTIR, MAIS NE PAS DIRE TOUTES LES VERITES

Rien ne demande plus de circonspection que la vérité, car c'est se saigner au coeur que de la dire. Il faut autant d'adresse pour la savoir dire que pour la savoir taire. Par un seul mensonge l'on perd tout ce que l'on a de bon renom. La tromperie passe pour une fausse monnaie ; et le trompeur pour un faussaire, qui est encore pis. Toutes les vérités ne se peuvent pas dire ; les unes parce qu'elles m'importent à moi-même, et les autres parce qu'elles important à autrui."


Balthasar Gracian, L'Homme de cour, trad. Amelot de la Houssaie.

vendredi 3 décembre 2004


"Chanson lyrique (1970)
à Marina

Les pattes des sapins tremblent, enneigées,
Et l'oiseau lance ses trilles, effrayé.
Tu vis en plein coeur d'une forêt charmée
D'où l'on ne peut jamais s'évader.

Que les merisiers se dessèchent au grand vent,
Qu'en averse le lilas défleurisse,
Je t'arracherai à ta forêt pourtant,
Pour le palais où les syrinx retentissent.

Ton monde, pour des siècles où les mages veillent,
Est gardé de moi et de la clarté,
Et tu crois que rien au monde n'est merveille
Que ce bois, cette forêt enchantée.

Que meure la rosée aux feuilles du levant
Et que la lune chamaille le ciel amer,
Je t'arracherai à ta forêt pourtant
Pour la chambre claire au balcon sur la mer.

Quel sera le jour et quelle sera l'heure,
Où prudemment, tu viendras à moi ?
Je t'emporterai dans mes bras de voleur
Nul, à nous trouver, ne parviendra.

Si le vol te sied, je me ferai bandit,
Tant d'amour en vain serait-il gâché ?
Accepte, je te prie, une simple hutte si
Et la chambre et le palais sont occupés."

V. Vissotsky, Ballades, trad. Michel et Robert Bedin, Les éditions de Janus.
Maintenant dans beaucoup de gares, il faut supporter la pollution sonore d'une radio de merde, avec ses tubes à la con, ceux qu'on entend toujours dans les magasins de fringues du forum des Halles (pour situer). Même à Gare de l'Est il faut supporter Balavoine et sa voix d'eunuque hululant, plus tout un paquet d'indigences cérébrales et musicales, au titre inconnu (de moi)... Même pas une radio publique, hein, de la bonne vieille merde commerciale, avec un spot de pub par minute. Bientôt on devra supporter ça aussi dans les trains... et il ne restera plus qu'à se foutre à fond un baladeur sur les oreilles, histoire de devenir un peu plus sourd chaque jour, mais pas complètement maboule.

mercredi 1 décembre 2004


"...il n'y a plus rien qu'un horizon inaccessible, et, à l'horizon, une présence opaque à laquelle on se convertit par décision aveugle, non point dans la lumière de l'intuition, mais dans la nuit de la foi ; l'indéfinie compressabilité du presque-rien apparaît alors à celui qui rêve d'accomplissement et de perfection comme la ruse tactique d'une incompressibilité foncière : l'inintelligible ne cède sous nos pas que pour aggraver notre enlisement, ne recule devant nous que pour nous attirer plus profondément au coeur de l'absurde."


"Tout homme peut voir, mais très peu savent toucher."



"Tout homme peut voir, mais très peu savent toucher." Machiavel.

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.