Si le Premier est parfait, qu'il est la plus parfaite de toutes les choses, et qu'il est la première [25] puissance, il doit être la chose la plus puissante de celles qui existent, et les autres puissances doivent l'imiter autant qu'elles le peuvent. Or, dès que n'importe laquelle des autres choses atteint sa perfection, nous constatons qu'elle engendre, c'est-à-dire qu'elle ne supporte plus de demeurer en elle-même, mais qu'elle produit une chose différente.
(...)
Comment alors ce qui est le plus parfait, le bien premier, [35] demeurerait-il en lui-même, comme s'il était avare de lui-même et comme s'il était dépourvu de puissance ?
Je ne sais pas pourquoi, mais j'aime cette idée, presque un paradoxe, que la perfection suprême mène à une incapacité, presque un manque : ne plus supporter de "demeurer en soi-même," ne plus supporter de jouir seul de soi, "avare de soi-même", et qu'il faut alors laisser échapper de l'autre, donner de l'existant de sa propre surabondance. L'Un n'a pas créé pour être puissant en acte, mais parce qu'étant parfait, il était obligé d'être généreux. Comme contraint par sa propre perfection.
Plotin, Traités 7-21.
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