"Ayant vu l'éclair à l'est, il a la nostalgie de l'est,
L'eût-il vu à l'ouest, il aurait eu la nostalgie de l'ouest.
Car mon amour est pour l'éclair et sa fulguration,
Non pour les lieux et terres.
La brise rapporta ce propos,
Transmis par mon chagrin, ma tristesse, ma mélancolie,
Mon ivresse, ma raison, ma nostalgie, ma passion,
Mes larmes, mes paupières, ma flamme, mon coeur :
"Celui que tu aimes est dans ton coeur,
Les soupirs le tournent et le retournent !"
Et moi à la brise : "Rapporte-lui que c'est lui
Qui allume le feu dans le coeur !
L'éteint-il, ce sera l'union sans fin,
L'attise-t-il, qu'y pourra l'amoureux ?"
"Je sacrifie mon âme aux belles Arabes distantes !
Comme elles se jouent de moi qui embrasse leurs demeures !
Si tu t'égares derrière elles,
L'effluve qu'elles exhalent t'indique le chemin.
Et si la nuit sans lune descend sur moi,
En évoquant leur souvenir, je chemine dans l'éclat de la lune.
Et si nuitamment je poursuis leurs montures,
La nuit devient pareille au soleil du matin.
J'en courtisai une
A la beauté suprême.
Se dévoile-t-elle, ce qu'elle montre est lumière
Comme un soleil sans mélange.
Soleil son visage, nuit sa chevelure,
Merveille d'image du soleil et de la nuit réunis !
Nous sommes dans la nuit en pleine lumière du jour,
Et nous sommes à midi dans une nuit de cheveux !"
Ibn Arabî, Le Chant de l'ardent désir , trad. Sami-Ali.
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