"J'ai le droit de vivre." Talleyrand a perdu, avec son "je n'en vois pas la nécessité". L'homme nu, entièrement prophétique, remplaçable, est le suppôt de tous les droits, qui mobilisent toutes les techniques ; le coût est infini.
Il y a deux nudités. La nudité qui fut d'Assise, ou d'Inde, mendicité, dénuement, parousie de l'inerme, non-violence gagnée, mise à nu. L'autre est celle du nudisme agressif généralisé, exhibition de valeur absolue ; droit de vivre mis à nu ; préemption, avantage décisif immédiat.
Peut-être, alors, pour éviter la flambée réactionnaire qui déteste son époque, la "réaction" d'un Talleyrand d'aujourd'hui, convient-il d'entendre autrement la revendication générale, le langage monotone du droit ; et par l'expression droit-de ("j'ai bien le droit de !"), insupportable aux oreilles de la belle pensée traditionnelle (cf. les pages de Simone Weil sur l'obligation au début de l'Enracinement), faut-il entendre aujourd'hui une demande d'assistance ; et moins une usurpation ou "ressentiment" (Nietzsche) du faible que la suplique de l'humanité avant disparition au seuil de l'humanité."
Michel Deguy, Le sens de la visite, "Nu".
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