vendredi 17 septembre 2004


Ce Jankélévitch et son "tout le monde a des droits sauf moi." C'est presque de la folie furieuse, en nos temps de : "mes droits", "j'ai des droits", "respectez mes droits"... Et lui, ces mots presque d'arrogance : "Un Toi est un Moi sans devoirs. Un Moi est un Toi sans droits." Hum il interviendrait sur un forum web aujourd'hui, il se ferait lyncher. Un troll, voilà ce qu'on dirait. Finalement, Jésus, Mahomet, Buddha, Socrate et les philosophes arrogants, les trolls de l'humanité.

La règle de Jankélévitch est folle si on l'envisage appliquée concrètement à une vie. Mais je n'ai pas l'impression que les gens qui essaient de vivre raisonnablement, qui font "la part des choses" en soient plus heureux. Il y a une espèce de folie tendre de l'amour irraisonnable qui ne revendique rien en retour, qui ne pèse en rien, qui ne veut pas que l'aimé se sente coupable ou ingrat, c'est finalement la folle arrogance de l'amour ultime qui se suffit à lui-même, qui se réjouit déjà en soi d'exister. C'est scandaleux, tout ça ! Car on passe son temps à dire :"gardez-en un peu pour vous", "n'aimez pas trop", on fait des livres, même : Ces Femmes qui aiment trop (les femmes étant plus suspectes d'absolutisme amoureux), ou Ces Femmes/Hommes qui aiment mal (sous-entendu : trop) ; l'amour-bonheur comme un capital à gérer sans dilapider, un bilan comptable, je donne tant d'amour pour tant de bonheur, sinon je dépose mon bilan. et ce fou qui prétend :

"car vivre pour l'autre et mourir pour l'autre (hyperapothèskein) coïncident en cette fine extrême pointe de l'âme, en ce presque-rien aigu qui est une mort d'amour." (et lire encore en ayant à l'oreille l'inextinguible brouhaha d'un caquetage énervé qui ne cesserait, plaintif et revanchard : mes droits ! jédédroits !" ad libitum..)

Tout de même, des fois, il daigne se fendre d'une explication : quelque chose de très bref, qui "dit" tout. "L'innocent reçoit l'amour que son prochain lui porte non pas comme une chose due ou méritée qui le dispenserait de la réciproque, mais comme une grâce inattendue qui enhardit son propre amour. De cette manière, l'amour, qui est littéralement l'au-delà de la vérité, résout en actes et à l'infini plusieurs débats insolubles..."

et puis cette petite phrase après la longue énumération des "ipséités contradictoires" : "Ainsi l'amour arrange tout." Voilà, mets ça dans ta poche (ipséités) avec ton mouchoir par-dessus (l'Amour).
Traité des vertus : Tome 2, Les vertus et l'amour, 1re partie

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.