lundi 13 juillet 2009

Malheur au sentier qui se retourne pour dévisager le passant


Ce voyage en métro m'a laissé le souvenir d'une grande tristesse. Cette tristesse ne se rapportait pas à mon peu de mémoire. Mais quelque chose était en train de se passer là, dans cette voiture, avec tous ces gens de midi. Il y avait, à deux pas, un malheur important, aussi silencieux qu'un vrai malheur peut l'être, étranger à tout secours, inconnu, que rien ne pouvait faire apparaître. Et moi-même qui le pressentais, je ressemblais à un voyageur marchant à l'écart sur une route; la route l'a appelé, et il avance, mais la route veut voir si celui qui vient est bien celui qui doit venir, elle se retourne pour le reconnaître, et la même culbute les entraîne tous deux dans le ravin. Malheur au sentier qui se retourne pour dévisager le passant; et combien plus profond était ce malheur, combien plus ignoré et plus silencieux.
Maurice Blanchot, L'Arrêt de mort.

dimanche 12 juillet 2009

L'Arrêt de mort


Si j'ai écrit des romans, les romans sont nés au moment où les mots ont commencé de reculer devant la vérité.


Maurice Blanchot, L'Arrêt de mort.

samedi 11 juillet 2009

Slendeurs et misères de la matière


Ribera, 1642, Louvre.


14. Quoi donc ? S'il n'y avait pas de matière, rien n'existerait ?
- Non, de même qu'il n'y aurait pas de reflet, s'il n'y avait pas de miroir ou de surface de cette sorte. Ce, en effet, dont la nature est de venir à l'être si cette autre chose n'existe pas ; telle est en effet la nature d'une image qui ne peut exister qu'en autre chose. Assurément si quelque chose s'échappait [5] des êtres producteurs, cela existerait sans en être autre chose. Mais puisque les réalités de là-bas demeurent en elles-mêmes, puisqu'elles connaissent une manifestation d'elles en autre chose, il faut qu'il existe un autre terme qui leur serve de "siège", sans qu'elles y viennent vraiment. Cet autre terme, par sa présence et son audace, son état en quelque sorte de mendicité et de pauvreté, manifeste une sorte de violence en tentant de saisir quelque chose, et de trahison en ne saisissant rien, de telle sorte que sa pauvreté demeure [10] et qu'elle continue à mendier. A cause de cette attitude de rapace, le mythe fait d'elle une mendiante, en montrant ainsi sa vraie nature, qui est d'être privée du bien. Un mendiant ne demande pas précisément ce que celui qui donne a, mais il se réjouit de ce bien obtient, ce qui nous conduit à dire que ce mythe montre que ce qui apparaît dans la matière est différent des êtres réels et son nom (Pauvreté) montre qu'elle n'est pas [15] remplie par eux.

vendredi 10 juillet 2009

Vice, vertu et harmonie

Donatello, 1447-50, basilique Saint-Antoine de Padoue
En disant que la vertu est une harmonie et le vice un manque d'harmonie, ne soutiendrons-nous pas une opinion acceptée des anciens et, surtout, un raisonnement nous faisant avancer insensiblement vers ce que nous recherchons ? Si en effet la vertu n'est que l'accord des parties de l'âme les unes avec les autres, accord conforme à la nature, et que le vice [10] manque de cette harmonie, il n'y aura rien qui vient s'ajouter, ni qui vient d'autre chose, mais chaque partie vient en quelque sorte, telle qu'elle est, s'ajouter aux autres, et elle n'y vient pas, quand l'harmonie fait défaut. C'est comme des choreutes qui dansent et qui chantent ensemble, même si c'est à tour de rôle, chacun chantant alors que les autres se taisent, [15] et chacun chantant sa partie ; il faut non seulement chanter ensemble, mais encore que chacun chante sa partie avec le talent requis en chantant avec son propre talent artistique. Dès lors, dans le cas de l'âme aussi, il y a harmonie quand chaque partie réalise la fonction qui lui revient. Il faut assurément qu'avant l'harmonie de l'âme il y ait une vertu pour chaque faculté, et de même, à l'inverse, [20] un vice qui précède le manque d'harmonie des parties en elles. (26, III, 6, 2).
Plotin, Sur l'impassibilité des incorporels.

jeudi 9 juillet 2009

Privilèges de la vie des cardinaux

Armand Gaston Maximilien de Rohan, par Rigaud
Un cardinal est en droit de passer sa vie au jeu, à la bonne chère, et avec les dames les plus jeunes et les plus jolies ; d'avoir sa maison pleine de monde pour le rendez-vous et la commodité des autres, de leurs amusements, de leurs plaisirs, et pour le centre des siens ; d'y donner des bals et des fêtes, et d'y étaler tout le luxe et la splendeur en tout genre qui peut flatter ; surtout de n'entendre plus parler de livres, d'étude, de rien d'écclésiastique ; d'aller régner dans son diocèse sans s'en mêler, de n'être pas seulement importuné par ses grands vicaires, ni par le valet sacré et mitré payé pour imposer les mains, et d'y vivre sans inquiétude dans un palais à la campagne, au milieu d'une cour comme un souverain, parmi le jeu, les dames et les plaisirs, pleinement affranchi, là comme à Paris et à la cour, de toute bienséance. Ce n'est pas que nos cardinaux vécussent tous de la sorte ; mais ils en avaient toute liberté.
Mémoires, Saint-Simon, t. IV, 1711-1714

mercredi 8 juillet 2009

S'intelliger soi-même : devenir deux, bien qu'étant un


1. Il faut distinguer deux cas : lorsqu'une chose en intellige une autre, et lorsqu'une chose s'intellige elle-même, ce qui s'écarte déjà plus de la dualité. Dans le premier cas mentionné, ce qui intellige veut aussi s'intelliger soi-même, mais il en est moins capable. Car il possède en lui-même ce qu'il voit, mais cet objet est néanmoins autre que lui. Dans le second cas, en revanche, ce qui intellige n'est pas séparé [5] réellement de son objet, mais, uni à lui, il se voit lui même. Il devient donc deux, bien qu'étant un. Par conséquent il intellige plus véritablement parce qu'il possède ce qu'il intellige, et il intellige en premier, parce que ce qui intellige doit à la fois être un et double. Car s'il n'est pas un, autre sera ce qui intellige, autre ce qui est intelligé. Il ne sera donc pas ce qui intellige en premier, parce que s'il reçoit son intellection d'autre chose, il ne peut être ce qui intellige en premier ; [10] ce qu'il intellige, il ne le possédera pas comme si cela était à lui, de sorte qu'il ne s'intelligera pas non plus lui-même. Ou alors, s'il possède ce qu'il intellige comme étant soi-même, afin qu'il intellige au sens propre, les deux choses seront une. Il faut par conséquent que ce qui est double soit un. Mais s'il est un, il ne sera donc plus deux, et ce qu'il intelligera, il ne le possédera pas ; aussi ne sera-t-il pas même intelligent. Par conséquent, il faut qu'il soit simple et non simple.

Mais l'on saisira mieux le caractère de ce qui intellige si l'on remonte [15] en partant de l'âme. Car dans ce cas, il est facile de diviser et l'on peut voir plus facilement ce qui est double. Si donc l'on suppose une lumière double, l'âme étant la lumière inférieure, et son objet intelligible une lumière plus pure, et si l'on suppose ensuite que la lumière qui voit est égale à celle qui est vue, puisqu'on n'est plus capable d'introduire une séparation par la différence, [20] on admettra que les deux choses sont une, en pensant qu'elles sont deux, mais en voyant désormais qu'elles sont une. C'est ainsi que l'on saisira l'intellect et l'intelligible. Nous donc, par notre discours, nous avons produit l'un à partir du deux, mais c'est à l'inverse le deux qui vient de l'un, parce que ce qu'il intellige, il le fait deux, et parce qu'il s'intellige lui-même, un.

mardi 7 juillet 2009

"La chance d'avoir eu les cheveux tirés par Athéna elle-même"


Jastrow (2005)

Plotin eut quelques extases mystiques où il rejoignit l'être (il y a les extases mystiques des amoureux et celles des philosophes qui en profitent pour vérifier leur système, parce qu'un philosophe ne perd jamais le nord). Il donne à cet essor de soi un nom savoureux : avoir eu les cheveux tirés par Athéna (dans les cas où le distrait refuse obstinément de se tourner vers le seul visage) :

7. Nous-mêmes et ce qui est nôtre remontons en effet vers l'être, et nous nous élevons vers l'Un et son premier rejeton, et nous intelligeons les intelligibles, sans passer par des images ou des empreintes d'eux ; si tel n'est pas le cas, c'est que nous devenons les intelligibles. Si donc nous avons part à la connaissance véritable, [5] nous sommes les intelligibles ; nous ne les recevons pas, mais nous sommes en eux. Et puisque les autres aussi, et pas seulement nous, devenons les intelligibles, nous devenons les intelligibles tous autant que nous sommes. Par conséquent, c'est en s'unissant à tous que tout ensemble nous sommes les intelligibles. Nous sommes donc à la fois toutes choses et une seule.

Ainsi, lorsque nous ne tournons pas notre regard vers ce dont nous dépendons, nous ne savons pas que nous sommes un ; [10] c'est comme si nous avions plusieurs visages tournés vers l'extérieur mais attachés à une tête tournée vers l'intérieur. Mais si l'on peut se retourner, soit de son propre chef, soit parce qu'on a eu la chance d'avoir les cheveux tirés par Athéna elle-même, on verra dieu, soi-même et l'univers. Dans un premier temps, on ne se verra pas semblable à l'univers. Mais par la suite, parce qu'on ne trouve pas de point où, en s'arrêtant, pn puisse se fixer une limite [15] et dire "jusque-là c'est moi", et parce qu'on cesse de s'exclure de la totalité de l'être, on ira soi-même vers l'univers tout entier, n'avançant vers aucun point, mais en demeurant là même où l'univers se dresse.

lundi 6 juillet 2009

"Les gendres en sont-il aussi ?"

Marie Victoire Sophie de Noailles
marquise de Gondrin puis comtesse de Toulouse et duchesse de Penthièvre
Chantilly, Musée Condé

D'Antin perdit Gondrin, son fils aîné, qui laissa des enfants d'une soeur du duc de Noailles, qui longtemps après se remaria au comte de Toulouse. Elle fut si affligée, qu'elle en tomba malade au point qu'on lui apporta les sacrements. Toute sa famille y était présente, et la maréchale de Noailles sa mère, qui l'aimait passionnément, était fondue en larmes au pied de son lit, qui priait Dieu à genoux, tout haut et de tout son coeur, et qui dans l'excès de sa douleur s'offrait elle-même à lui, et tous ses enfants, si il les voulait prendre. La Vallière, qui était là aussi à quelque distance, et qui l'entendit, se leva doucement, alla à elle, et lui dit tout haut d'un air fort pitoyable : "Madame, les gendres en sont-il aussi ?" Personne de ce qui y était ne put résister à l'éclat de rire qui les prit tous, et la Maréchale aussi, avec un scandale fort ridicule, et qui courut aussitôt par toute la cour ; la malade se porta bientôt mieux et on n'en rit que plus belle.
Mémoires, Saint-Simon, t. IV, 1711-1714.

dimanche 5 juillet 2009

Les dits des Bektashi


Comment vas-Tu T'occuper de l'univers ?
Un Bektashi arrive dans la ville pour faire ses courses et cherche un endroit sûr pour y laisser son âne. Il fait le tour de la ville : l'endroit le plus sûr se trouve devant la mosquée. "Mon Dieu, je le confie à Toi, dit-il tout en attachant son âne, car tu sais qu'il est précieux pour moi." Ensuite, l'esprit tranquille, il va faire ses courses. Au retour, il ne trouve plus l'âne à sa place. Tu n'es même pas capable de garder l'âne que je Te confie, comment vas-Tu T'occuper de l'univers ?"

On ne peut espérer mieux pour une oeuvre accomplie en six jours
Quelqu'un pose cette question à un Bektashi : "Pourquoi ce monde n'est-il pas tout plat ? Il y a des montées et des descentes, des montagnes caillouteuses et des terres fertiles, des rocs qui entravent le chemin des hommes. Dans certains lieux il neige, dans d'autres sévit la sécheresse ; d'autres encore sont couverts de gazon. Pourquoi tout n'est-il pas étal dans ce monde ?"
Le Bektashi répondit : "On ne peut espérer mieux d'une oeuvre accomplie en six jours dans la précipitation."

Mon préféré :

Vous Le flattez trop
Il fait très chaud. Assoiffé, un Bektashi décide d'acheter une pastèque avec les quelques sous qu'il a en poche. La pastèque à la main, il trouve une belle ombre sous un arbre et coupe avec appétit sa pastèque. Mais, portant le premier morceau à la bouche, il la trouve tellement aigre qu'elle est difficilement mangeable. Il se met à crier des insultes : "Mais mon Dieu, pourquoi as-Tu été si radin que tu n'as pas mis quelques gouttes de sucre dans cette pastèque. Tu fais des faveurs à Tes serviteurs, mais ce n'est jamais comme il fait."
Bref, maugréant ainsi, comme il vient de dépenser ses derniers sous pour elle, il la finit pamgré son amertume et laisse son écorce à ses côtés. Allongé sous ce même arbre à moitié endormi, il voit un pauvre homme s'approcher. Celui-ci, également affamé et assoiffé, aperçoit l'écorce de pastèque et commence à la manger. Discrètement, le Bektashi l'observe, en faisant mine de dormir. Il voit avec étonnement que le pauvre, chaque fois qu'il mord dans l'écorce de pastèque s'exclame : "Mon Dieu, je T'en remercie, Tu m'as nourri encore aujourd'hui avec cette écorce de pastèque. Tu as assuré ma subsistance."
En entendant ceci, le Bektashi furieux, se lève et dit : "Arrête, moi j'ai mangé l'intérieur même si c'était amer et de ce fait je ne L'ai pas remercié. Et toi, tu manges l'écorce et tu ne cesses de remercier Dieu pour ce que tu manges. C'est à cause de flatteries de ce genre qu'Il se permet de faire des choses pareilles."

Le livre des derviches bektashi: Villayet name ; suivi de Les dits des Bektashi ; trad. Kurdsi Erguner.

samedi 4 juillet 2009

De la patience des derviches


Lokman Perendé, qui était l'un des successeurs de Ahmed Yesevi, devait son surnom de Perendé (serviteur) à Yesevi lui-même. Yesevi était le fils de l'Imam Mohammed Haneft. Un jour, Lokman, pris par l'inspiration partit seul dans la montagne. l'Imam Djafer et el Sadik confia alors son manteau à Bayezid Bestâmi pour qu'il le porte à Lokman. Bayezid trouva Lokma, lui remit le manteau et le lui fit revêtir. Lokman eut alors un regain d'inspiration et se mit à prier. Sa prière dura quatorze années et Bayezid attendit debout qu'il finisse. Au bout de quatorze ans, Lokman commença une deuxième prière et Bayezid, perdant patience, le quitta. Quand il fut de retour auprès de l'Imam Djafer, Bayezid lui rapporta dans quelle situation il avait laissé Lokman et l'Imam lui dit : "Si tu avais patienté jusqu'à la fin de sa deuxième prière, tu aurais peut-être découvert un grand secret."

A cette époque, le sultan Ibrahim el Sâani fut accueilli par la miséricorde divine. On proposa son royaume à Bektash mais celui-ci refusa. Son neveu, Seyyid Hassan devint le sultan du Khorassan. Hunkar se tint à l'écart du peuple et habita le pays de la prière. A force de jeûnes répétés, il se mit dans un tel état que lorsqu'il se prosternait sa cervelle remuait à l'intérieur de sa tête. Ainsi pendant quarante ans, il se renferma dans la prière. Au bout de ce temps, il entendit une voix divine qui acceptait ses prières. Alors, Bektash se renferma encore davantage dans la prière.

Le livre des derviches bektashi: Villayet name ; suivi de Les dits des Bektashi ; trad. Kurdsi Erguner.

vendredi 3 juillet 2009

De l'Âme et des corps : Plotin


Plotin défend l'idée selon laquelle plusieurs âmes peuvent provenir d'une seule et même âme. En vertu de son incorporéité, une âme unique peut se trouver en plusieurs choses à la fois. Cette unité reste en elle-même, mais une pluralité naît d'elle.

chaque corps s'avance vers l'âme et reçoit d'elle la part d'intelligible qu'il est en mesure de supporter. Plotin introduit ici un axiome capital tant pour sa théorie de la participation que pour toute sa doctrine de la procession : ce qui participe d'une chose ne peut recevoir qu'imparfaitement la puissance de son modèle et n'en reçoit que ce qu'il peut en prendre.

(Comme dit Eckhart dans le commentaire au Grain de sénevé :

Le Premier être au contraire laisse ruisseler ses bontés sur toutes choses en un seul et unique flot.Si elles se distinguent ensuite, cela tient à la qualité des récepteurs.)

L'Âme n'est donc pas responsable de la division des corps : ce sont les corps qui s'approchent et qui reçoivent chacun l'âme qu'ils peuvent recevoir, même si l'Âme entière leur est présente. Chaque corps étant différent, il reçoit de l'Âme une âme différente de celle que reçoit un autre corps.

Pour Avicenne aussi, c'est le corps qui individualise l'âme :

Selon cette norme, lorsqu'un réceptacle corporel y est devenu apte sous l'action des Sphères célestes, l'Ange "Dator formarum" y infuse une âme pensante qui devient alors numériquement différente des autres. En bref l'âme humaine ne reçoit son individualité que par le fait de son union avec le corps, et cette individuation est le "service" que le corps rend à l'âme."
Avicenne et le récit visionnaire, Henry Corbin ; chap. II : Avicennisme et angélologie : Pédagogie angélique et individuation.

Pour Al-Basrî, le corps a été "fait" pour l'âme qui vient l'emplir :

Le corps de cet individu a été formé ici-bas à partir des quatre éléments, par les facultés de la Nature utilisant pour cela le mouvement des sphères célestes et des astres et planètes par lesquels sont transmis les archétypes ; dès que le corps élémentaire de l'embryon est formé, l'âme de l'individu, qui n'est encore que "faculté végétative", s'est unie à lui ; puis sous son action et celle de la Nature, le corps se développe, ses formes propres étant fonction des influences qu'il a reçues successivement des sept sphères des planètes, par le canal de la sphère de la lune (une forme donnée, dans une partie du corps, y permet l'installation d'une faculté psychique qui l'animera). Or de toute éternité, ces formes corporelles étaient prévues pour correspondre aux facultés de l'âme de cet individu, facultés que l'âme tient (et continue à tenir) de son archétype. Il y a donc entre l'âme et le corps d'un individu une "parenté originelle", un "lien de sympathie.

La grosse différence avec Plotin est surtout l'amour entre corps et âme. Pour Plotin, le corps est amoureux de l'Âme, comme un amant posté au seuil du Bien-Aimé, sans réciprocité apparente. les corps sont attirés par l'Âme et cherchent à la rejoindre, alors que chez les deux musulmans, l'Âme descend vers le corps qui lui correspond. Du coup, l'idée d'un amour de l'âme pour le corps est aussi formulée. Comme le dit Al-Basrî,

Cette [spiritualité]est maintenue dans ce corps par une affinité, une parenté ancienne et un lien d'affection ;
"Il existe entre elle et lui un amour étrange, un commerce solide, qui ne sauraient en aucun cas prendre fin


Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.