Marie Victoire Sophie de Noailles
marquise de Gondrin puis comtesse de Toulouse et duchesse de Penthièvre
Chantilly, Musée Condé
D'Antin perdit Gondrin, son fils aîné, qui laissa des enfants d'une soeur du duc de Noailles, qui longtemps après se remaria au comte de Toulouse. Elle fut si affligée, qu'elle en tomba malade au point qu'on lui apporta les sacrements. Toute sa famille y était présente, et la maréchale de Noailles sa mère, qui l'aimait passionnément, était fondue en larmes au pied de son lit, qui priait Dieu à genoux, tout haut et de tout son coeur, et qui dans l'excès de sa douleur s'offrait elle-même à lui, et tous ses enfants, si il les voulait prendre. La Vallière, qui était là aussi à quelque distance, et qui l'entendit, se leva doucement, alla à elle, et lui dit tout haut d'un air fort pitoyable : "Madame, les gendres en sont-il aussi ?" Personne de ce qui y était ne put résister à l'éclat de rire qui les prit tous, et la Maréchale aussi, avec un scandale fort ridicule, et qui courut aussitôt par toute la cour ; la malade se porta bientôt mieux et on n'en rit que plus belle.
Mémoires, Saint-Simon, t. IV, 1711-1714.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire