Petit traité intéressant qui montre que la pratique du dhkir avait lieu aussi dans certains courants chrétiens (peut-être les soufis ont-ils été justement influencés par les pratiques chrétiennes ou bien les deux ascèses ont une dette envers les techniques de méditation et de respiration d'Inde ou d'Extrême-Orient). En même temps, le traité ne se pose pas la question de savoir si c'est le nom lui-même qui procure l'extase (puisque l'auteur est un moine, je suppose que pour lui la question ne se posait pas, justement) ou si c'est tout simplement la pratique assidue de la récitation. Après tout, si l'on tirait un mot au hasard d'un dictionnaire, et que l'on récite de la même façon durant des mois, des années, le mot "camion", "poireau", "montagne", qu'arriverait-il, pour peu que l'adepte s'imagine qu'à force il en sortira quelque chose ?
Cela me rappelle une nouvelle kurde (était-ce de Pîremerd, ou d'un autre ?). Un bûcheron noue un fil à la branche d'un arbre afin de le retrouver plus tard, pour le couper. Des gens passent et voyant le fil (qui est aussi un signe votif autour de certains arbres "bénis") en nouent d'autres, prient et font des vœux. Au bout d'un moment l'arbre est couvert de fils et devient sacré. Sa réputation s'étend avec les premiers miracles. De retour, le bûcheron, qui veut rétablir la vérité, ne peut se faire entendre et se fait traiter d'impie. Pour preuves : Il y a eu miracles, donc c'est la vérité qui ment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire