C'est bien connu, le désir, c'est ce que l'on ne possède pas. De même, pour Plotin, la mémoire découle de la distance, de l'exil, de la perte, c'est-à dire de tout ce qui fait le passé. L'exil et la distance engendre la mémoire autant que l'oubli. Il n'y a pas de mémoire pour les âmes immobiles.
6. On doit donc dire que ce n'est qu'aux âmes qui changent de place et d'état qu'appartient la mémoire; car c'est de choses qui se sont produites et qui se sont passées qu'il y a mémoire. En revanche, les âmes auxquelles il appartient de rester dans la même place et dans le même état, de quoi auraient-elles bien à se souvenir ? (…).
7. – Mais quoi ? Elles ne se souviendront pas qu'elles ont vu le dieu ?
_ Il faut plutôt dire qu'elles ne cessent de le voir. Et tant qu'elles le voient, il ne leur est sans doute pas possible de dire qu'elles l'ont vu. C'est là quelque chose qui ne peut arriver qu'à ceux qui ont cessé de voir.
– Eh bien, ne se souviennent-elles pas qu'elles ont fait le tour de la terre, hier ou l'année dernière, ni même qu'elles étaient vivantes hier, depuis longtemps et depuis le début de leur vie ?
– Non, car elles vivent depuis toujours. Et ce qui est toujours reste une seule et même chose. (…).
Plotin, Traités : Tome 4, 27-29 : Sur les difficultés relatives à l'âme 28, IV, 4.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire