"La controverse consiste dans le fait que chacune des deux personnes en présence examine avec le regard attentif de son coeur ce que son compagnon lui présente. Il y applique toute sa compréhension (fahm) et considère avec égalité le pour et le contre. Alors, il le mesure au moyen de la balance la plus juste, après avoir invité l'autre à considérer que le Vrai l'emporte nécessairement dans l'un des deux propos, afin qu'il prenne appui sur lui et l'accepte.
La confrontation se produit lorsque la science qu'il possède au sujet de cette chose se tient devant son coeur avec la puissance d'admiration qu'il a pour lui-même (sultân al-i'jâb bihi). Cette admiration qu'il a de lui-même jette un voile sur l'examen qu'il fait des propos de son compagnon au moyen de son oreille, mais elles ne lui parviennent pas, car il n'y prête pas attention au moyen de la vision de son coeur. Il ne pèse nullement la chose, bien qu'il évoque la balance de la justice.
Comment peut-il en effet examiner quelque chose alors que la passion de l'admiration de soi (shahwa i'jâbuhu bihi) a pris place entre son coeur et son examen ? Il écoute ce que lui dit son compagnon, mais son coeur s'en tient à son propre point de vue. C'est cela la confrontation. En effet, son âme fuit la honte de l'erreur (khatâ') et l'injonction de la preuve. L'obscurité de ce défaut dans sa poitrine se place entre lui et la vision (ru'ya) de ce qui est vrai par les yeux de son coeur. Ceci en raison de l'orgueil (kibr) qui se trouve en lui. Il est gêné par le fait que l'on puisse voir qu'il a commis une erreur et qu'il est ignorant. Tout ceci est causé par l'amour du commandement et de la gloire ('izz), et par le despotisme (jabbariyya) de l'âme."
Livre des nuances ou de l'impossibilité de la synonymie (Kitâb al-furûq wa man' al-taradûf), 3, Al-Hakîm al-Tirmidhî.
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