mercredi 6 février 2008

Les Onze dévoilements

De l'Amour :

"Mahabba (l'amour) dérive, dit-on du mot hibba qui désignent les graines qui tombent sur la terre dans le désert. Le mot hubb (l'amour) a été donné à ces semences du désert (hibb), parce que l'amour est la source de la vie comme les graines sont l'origine des plantes. De même que, lorsque les graines sont répandues dans le désert, elles deviennent cachées dans la terre, et la pluie tombe sur elles et le soleil brille sur elles et le froid et la chaleur passent sur elles et cependant, elles ne sont pas altérées par les saisons changeantes, mais elles poussent et portent des fleurs et donnent des fruits, de même, l'amour, quand il établit sa demeure dans le coeur, n'est pas altéré par la présence ou l'absence, par le plaisir et la douleur, par la séparation ou l'union."

"D'autres le font dériver de habâb, "bulles d'eau et leur effervescence dans une forte averse de pluie", parce que l'amour est l'effervescence du coeur dans le désir de l'union avec le Bien-Aimé. De même que le corps subiste grâce à l'esprit, le coeur subsiste grâce à l'amour, et l'amour subiste grâce à la vision du Bien-Aimé et l'union avec lui."

De la mendicité :

"Les shaykhs soufis considèrent la mendicité permise dans trois cas. Tout d'abord, pour libérer l'esprit des tâches quotidiennes, car, disent-ils, nous ne devons pas vouer toute notre journée à l'acquisition de deux galettes de pain, car il n'y a pas d'anxiété plus préoccupante que celle qu'on éprouve au sujet de la nourriture. C'est pourquoi, lorsque le disciple de Shaqîq rendit visite à Abû Yazîd, en réponse à la question d'Abû Yazîd concernant l'état de Shaqîq, le disciple lui répondit que Shaqîq était entièrement détaché des hommes, et qu'il plaçait toute sa confiance en Dieu. Abû Yazîd lui dit : "Quand tu retourneras chez Shaqîq, dis-lui de prendre garde de mettre Dieu à l'épreuve pour deux galettes de pain : s'il a faim, qu'il demande à ses semblables, et qu'il laisse de côté ces histoires de remise à Dieu."


De la pensée fugace (khâtir) :

"On dit qu'il advint à Khayr Nassâj de penser que Junayd attendait à sa porte, mais il voulut chasser cette pensée : elle revint deux ou trois fois, sur quoi il sortit et trouva Junayd qui lui dit : "Si tu avais suivi la première pensée, je n'aurais pas eu besoin de rester ici tout ce temps."

Hujwirî, Somme spirituelle, IV, Les onze dévoilements, trad. Djamshid Mortazavî

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.