mercredi 20 février 2008

Chacun est digne d'un parapluie

Toujours l'humour dostoïevskien : le bagnard Fedia, son emphase solennelle, ses curieuses tournures, ses litotes aussi.

"-Tu t'es évadé du bagne ?
- J'ai changé de sort. J'ai remis les livres et les cloches et les affaires d'églises, parce que j'avais été condamné à vie, alors il me fallait attendre trop longtemps la fin de ma peine."

"Piotr Stepanovitch, je vous dirai, Monsieur, il lui est très facile de vivre au monde parce qu'il voit les gens tels qu'il se les imagine et c'est avec ceux-là qu'il vit."


Il y a aussi Lebiadkine, enfin le parapluie de Stavroguine, qui est un lien entre Lebiadkine et le forçat :
"- Ne désirez-vous pas que j'aille sur le perron... pour ne pas entendre quelque chose apr ahsard... parce que les chambres sont minuscules.
- Bonne idée, allez sur le perron. Prenez mon parapluie.
- Le parapluie, le vôtre... est-ce que j'en suis digne ? dit le capitaine dans un accès d'humilité excessive.
- Chacun est digne d'un parapluie.
- Vous définissez d'un coup le minimum des droits humains."

Le général :
"En parlant il étirait particulièrement les mots qu'il prononçait d'un ton suave, habitude qui lui venait sans doute des Russes voyageant à l'étranger ou de ces propriétaires terriens autrefois riches qui avaient été le plus touchés par la réforme paysanne. Stepan Trofimovitch fit même observer un jour que plus un propriétaire était ruiné, plus suavement il zézayait et étirait les mots. Lui-même au demeurant zézayait et étirait doucereusement les mots, mais sans le remarquer dans son propre cas."

Les Possédés, Dostoïevski.

1 commentaire:

  1. Anonyme7:43 AM

    Très belle affiche, j'aime beaucoup ce trio de parapluies...

    RépondreSupprimer

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.