Au moment de son exécution, cette note de Stendhal qui en dit long sur la préoccupation majeures du christianisme, celle de la damnation et son indifférence à la mort en soi, qui explique tant de choses, notamment l'inquisition et le "tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !"
"Un auteur contemporain raconte que Clément VIII était fort inquiet pour le salut de l'âme de Beatrix ; comme il savait qu'elle se trouvait injustement condamnée, il craignait un mouvement d'impatience. Au moment où elle eut placé la tête sur la mannaja, le fort Saint-Ange, d'où la mannaja se voyait fort bien, tira un coup de canon. Le pape, qui était en prière à Monte-Cavallo, attendant ce signal, donna aussitôt à la jeune fille l'absolution papale majeure, in articulo mortis. De là le retard dans le cruel moment dont parle le chroniqueur."
Stendahl rapporte aussi avec flegme que l'âme de Beatrix se trouva fort accompagnée lors de sa montée au ciel :
"Pendant qu'on mettait en ordre la mannaja pour la jeune fille, un échafaud chargé de curieux tomba, et beaucoup de gens furent tués. Ils parurent ainsi devant Dieu avant Beatrix."
"Le soleil avait été si ardent, que plusieurs des spectateurs de cette tragédie moururent dans la nuit, et parmi eux Ubaldino Ubaldini, jeune homme d'une rare beauté et qui jouissait aupatavant d'une parfaite santé. Il était frère du signor Renzi, si connu dans Rome. Ainsi les ombres des Cenci s'en allèrent bien accompagnées."
Stendhal, Chroniques italiennes, Les Cenci.
Je me demande si cette histoire, et jusqu'au prénom, n'a pas inspiré Tavernier pour La Passion Béatrice.
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