C'est le recueillement, puis le silence ; puis l'aphasie et la connaissance ; puis la découverte ; puis la mise à nu.
Et c'est l'argile, puis le feu ; puis la clarté et le froid ; puis l'ombre ; puis le soleil.
Et c'est la rocaille, puis la plaine ; puis le désert, et le fleuve ; puis la crue ; puis le dessèchement.
Et puis c'est l'ivresse, puis le dégrisement ; puis le désir et l'approche ; puis la jonction ; puis la joie.
Et c'est l'étreinte, puis la détente ; puis la disparition et la séparation ; puis l'union puis la calcination.
Et c'est la transe, puis le rappel ; puis l'attraction et la conformation ; puis l'apparition ; puis l'investiture.
Phrases, accessibles à ceux-là seuls pour qui tout ce bas-monde ne vaut pas plus qu'un sou.
Et voix de derrière la porte, mais l'on sait que les conversations des hommes, dès que l'on se rapproche, s'assourdissent en un murmure.
Et la dernière idée qui se présente au fidèle, en arrivant à la barrière, c'est "mon lot" et "mon moi".
Car les créatures sont serves de leurs inclinations, et la vérité, sur Dieu, quand on Le constate, c'est saint.
Abû-l-Mughîth al-Husayn ibn Mansûr ibn Mahammâ al-Baydawî al-Hallaj , trad. Massignon. Qasidâ IV, Sur les étapes dans la voie de l'ascèse.
Phrases lapidaires parfois, sur l'attestation divine que serait la Création, ironie coupante, que permet la langue arabe, concise, fine comme un trait bien ajusté, là où la langue persane serait plus allusive, voile poétique sur le sens :
"Qu'on ne déduise plus le Créateur de son oeuvre créée, vous tous, être contingents, vous n'attestez que les temps." (Qasîda VIII)
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