"... mon copain Delaunay, un costaud, qui a déserté la France à la déclaration de guerre, ce que j'admets car je comprends la peur des coups, mais qui est revenu d'Espagne à Paris la paix faite, me fourrant sous le nez un certificat de folie officiellement établi à son nom par l'ambassade de France à Madrid, l'exhibant avec fierté, tenant à me prouver qu'il était en règle, un comble ! alors que je ne lui demandais rien, geste qui ne s'excusait pas vis-à-vis de moi, son copain, et je n'arrivais pas à comprendre cet étrange courage moral qui l'avait fait agir à rebours, si bien que je n'ai jamais revu le peintre ni sa peinture par la suite...
Tant de courage moral dépensé pour rien comme pour nous autres, au front, tant de courage physique gaspillé !
A l'époque, j'vais une théorie que les petits gards de l'escouade prenaient pour une galéjade un peu forte. J'affirmais préférer un embusqué de l'arrière à un embusqué de l'avant qui fauche pinard et tabac du ravitaillement et jouit hypocritement de la gloriole d'être un soldat en campagne, alors que passer deux, trois fois apr jour devant la loge de sa concierge comporte des risques réels à Paris, et il y fallait du courage, c'est certain, pour l'embusqué de l'arrière qui rentrait coucher dans son lit avec la femme d'un ami qui faisait le Jacques en premières lignes et j'ajoutais en outre que je préférais de beaucoup un déserteur à un embusqué de l'arrière, le déserteur à l'étranger étant en son genre un héros qui avait dit non ! ce qui est viril et digne d'une grande âme et dénote du caractère ; bien entendu, étant donné que le poilu restait le bonhomme le plus farce de tous les Français parce qu'il savait, bien sûr, qu'il n'était qu'un con ! Mon paradoxe faisait rire les copains comme des communiants bien emmerdés d'être là.
Mais parmi les déserteurs, certains on fait une grande dépense d'énergie pour arriver à sauver leur peau et n'y ont pas toujours réussi."
Par exemple Arthur Cravan pleutre épique, dont il narre le désopilant non-combat contre Jack Johnson, "le neveu d'Oscar Wilde", "poète et boxeur", "le poète aux cheveux les plus courts du monde", "mais au moral mou comme beaucoup de sportifs semi-professionnels éreintés par un entraînement intensif, esclaves de leur beau corps qu'il produisent, victimes de leur torse et de leurs muscles qu'ils exhibent, de leurs biceps qu'ils font rouler pour séduire et qui leur valent honneurs, argent, femmes, confort, luxe et, finalement, la veulerie qui vient les couronner à moins de trente ans !
Tant de courage moral dépensé pour rien comme pour nous autres, au front, tant de courage physique gaspillé !
A l'époque, j'vais une théorie que les petits gards de l'escouade prenaient pour une galéjade un peu forte. J'affirmais préférer un embusqué de l'arrière à un embusqué de l'avant qui fauche pinard et tabac du ravitaillement et jouit hypocritement de la gloriole d'être un soldat en campagne, alors que passer deux, trois fois apr jour devant la loge de sa concierge comporte des risques réels à Paris, et il y fallait du courage, c'est certain, pour l'embusqué de l'arrière qui rentrait coucher dans son lit avec la femme d'un ami qui faisait le Jacques en premières lignes et j'ajoutais en outre que je préférais de beaucoup un déserteur à un embusqué de l'arrière, le déserteur à l'étranger étant en son genre un héros qui avait dit non ! ce qui est viril et digne d'une grande âme et dénote du caractère ; bien entendu, étant donné que le poilu restait le bonhomme le plus farce de tous les Français parce qu'il savait, bien sûr, qu'il n'était qu'un con ! Mon paradoxe faisait rire les copains comme des communiants bien emmerdés d'être là.
Mais parmi les déserteurs, certains on fait une grande dépense d'énergie pour arriver à sauver leur peau et n'y ont pas toujours réussi."
Par exemple Arthur Cravan pleutre épique, dont il narre le désopilant non-combat contre Jack Johnson, "le neveu d'Oscar Wilde", "poète et boxeur", "le poète aux cheveux les plus courts du monde", "mais au moral mou comme beaucoup de sportifs semi-professionnels éreintés par un entraînement intensif, esclaves de leur beau corps qu'il produisent, victimes de leur torse et de leurs muscles qu'ils exhibent, de leurs biceps qu'ils font rouler pour séduire et qui leur valent honneurs, argent, femmes, confort, luxe et, finalement, la veulerie qui vient les couronner à moins de trente ans !
Enchaînement sur le mouvement Dada; portrait drôle, ironique, doux-amer, des "pacifistes dada", à qui Cravan aurait insufflé son "courage moral" :
"Raconter ce que fut la vie d'Arthur Cravan à New York serait faire l'historique de la fondation du dadaïsme, aussi n'en parlerais-je pas aujourd'huii ; pas plus que n'en a parlé jusqu'à présent le rastaquouère de l'art pour l'art Francis Picabia, qui voyait Cravant tous les jours à New York et qui, entraîné par son exemple, eut le grand courage moral dans 391, une revue d'art, de pourvoir La Joconde de Léonard de Vinci, qui n'en pouvait mais, d'une paire de moustaches à la Guillaume II ; pas plus que n'en a parlé jusqu'à présent l'inventif Marcel Duchamp (et que faisait à new York ce malicieux Parisien, sinon enseigner l'amour, ce jeu d'échecs !), qui voyait Cravan tous les jours à New York et qui, subissant son influence, eut le courage moral de munir les pots de chambre mis en vente dans un bazar de la garantie suivante : "Je déclare que cet ustensile de ménage est une authentique oeuvre d'art !"
"Raconter ce que fut la vie d'Arthur Cravan à New York serait faire l'historique de la fondation du dadaïsme, aussi n'en parlerais-je pas aujourd'huii ; pas plus que n'en a parlé jusqu'à présent le rastaquouère de l'art pour l'art Francis Picabia, qui voyait Cravant tous les jours à New York et qui, entraîné par son exemple, eut le grand courage moral dans 391, une revue d'art, de pourvoir La Joconde de Léonard de Vinci, qui n'en pouvait mais, d'une paire de moustaches à la Guillaume II ; pas plus que n'en a parlé jusqu'à présent l'inventif Marcel Duchamp (et que faisait à new York ce malicieux Parisien, sinon enseigner l'amour, ce jeu d'échecs !), qui voyait Cravan tous les jours à New York et qui, subissant son influence, eut le courage moral de munir les pots de chambre mis en vente dans un bazar de la garantie suivante : "Je déclare que cet ustensile de ménage est une authentique oeuvre d'art !"
"La Tour Eiffel sidérale", Blaise Cendras : Le Lotissement du ciel.
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