jeudi 12 janvier 2006

Littérature minimaliste

L'Ere du soupçon de Nathalie Sarraute. Pour un premier contact avec un auteur, ça ne m'emballe pas. Ce n'est pas que ces affirmations péremptoires et doctes m'aient indignée, toute affirmation assurée sur un processus créatif me fait sourire. Mais à chaque page tournée (et ça se lit vite) je me disais : "Oui, bon, et alors ?" Dostoïevsvky et ses héros psychologiques, Kafka et son homo absurdus ? Bof. Comme si Josef K. n'était pas bourré de failles psychologiques. Si les personnages de Dostoïevsky sont des hystériques passionnés, Josef K. est un joli mélange de phobique sociale et d'obsédé compulsif. Quant à ce qui est dit sur la fin du roman, l'impossibilité ou la gêne pour les jeunes écrivains d'écrire un dialogue maintenant (les maintenant qui sonnent comme des désormais me font toujours rire aussi)... Toutes ces remarques ne sont pas fausses, mais ça ne débouche sur pas grand-chose, sauf à dire que finalement Camus a triché dans L'Etranger. Naturellement, une certaine gêne aux entournures à discuter du roman américain, à se servir du roman américain, qui s'il n'est pas "psychologique" (et ça reste à démontrer) n'est pas franchement le roman d' l'homo absurdus, ni celui de la fin des dialogues. Ou alors elle n'a lu que Faulkner.

Et tout cela pour aboutir à quoi ? Aujourd'hui le roman français est en majorité très emmerdant et l'aventure, le souffle épique, le rêve, cette faculté formodable de créer des mondes, on les trouve chez les Anglo-saxons (Egolff), les Hispaniques (Fuentès), les Albanais, les Indiens, enfin tout ce qui continue à utiliser le roman comme une bonne vieille recette : bonne histoire et/ou personnages qui crèvent la page. Il fait vraiment être Français pour avoir le Goncourt en racontant Trois jours chez ma mère. Littérature accomplie et sûre de petit maître, très bien faite, très bien rodée, grande maîtrise atteinte dans le genre confessions intimistes, mais où sera la passion d'écouter et d'être emporté dans une histoire ?

Finalement le succès de Harry Potter s'explique aussi pour ça : Nous voulons des livres qui nous aident à marcher nous-même vers le déraisonnable.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.