lundi 21 novembre 2005

Le Docteur Jivago


Relecture, encore et encore... enfin à intervalles qui se comptent en années, je me replonge dans ce bouquin, qui m'avait happée à seize ans. Je ne sais pas pourquoi ni en quoi, mais je me dis que ce livre m'a doucement influencé en je ne sais quoi, s'est imprimé d'une certaine façon, en creux :

"Impur, seul l'est le superflu. Lara était l'être le plus pur au monde."
éUn jour elle eut un rêve. Elle était sous terre, il ne restait plus d'elle que son flanc gauche jusqu'à l'épaule et la plante de son pied droit. Une touffe d'herbe sortait de son sein gauche, et sur la terre on chantauit "Les yeux noirs et les seins blancs" et "On défend à Macha d'aller à la rivière".

Roman-kaléidoscope. A chaque fois que je l'ai ouvert, j'y ai vu des éclats de joyaux s'en détacher, qui semblaient n'y pas être - ou du moins pas si visiblement - auparavant :

"Quelques instants plus tard, la rue était presque vide. La foule s'était dispersée dans les ruelles. La neige tombait moins dense. Le soir était sec comme un dessin au charbon. Soudain le soleil, qui se couchait là-bas, quelque part, derrière les maisons, apaprut à un tournant et se mit, aurait-on dit, à montrer du doigt tout ce qu'il y avait de rouge dans la rue : les bonnets à fond rouge des dragons, la toile du drapeau rouge abandonné, les filets et les points rouges des traces de sang qui s'allongeaient sur la neige."

Eclat de rire :

"C'était l'un de ces disciples de Léon Tolstoï dans la tête desquels les pensées d'un génie qui n'avait jamais connu la paix s'étaient couchées pour goûter un long repos sans nuages, et s'amenuisaient sans espoir."

Et bouleversant aussi, à en pleurer, ce court chapitre sur la "chute" de Lara :

"Un jour, d'ici de longues années, lorsqu'elle pourra, Lara racontera tout cela à Olia Diomina. Olia la prendra dans ses bras et se mettra à hurler.

Dehors les gouttes gazouillaient, le dégel bavardait à bâtons rompus. Quelqu'un, dans la rue, cognait à la porte des voisins. Lara ne levait pas la tête. Ses épaules tressaillaient. Elle pleurait."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.