"On m'emmène dans une cour entourée d'un bâtiment à deux étages avec des galeries. Le long des galeries se succèdent des cellules, toutes les portes donnent sur une cour bondée où une foule de prisonniers tourne en rond. Je scrute les visages. Barbus, à lunettes, ce sont des visages d'intellectuels : professeurs, assistants, étudiants. Le régime de Mengistu comptait de nombreux partisans dans le milieu universitaire. C'étaient pour la plupart des adeptes du socialisme albanais dans la version d'Enver Hodja. Au moment de la rupture entre Tirana et Pékin, les Ethiopiens hodjistes tiraient sur les Ethiopiens maoïstes. Pendant des mois, les rues d'Addis-Abeba ont ruisselé de sang. Après la fuite de Mengistu, l'armée est rentrée chez elle. Il ne restait plus que les universitaires. Ils ont été attrapés sans mal et enfermés dans cette cour surpeuplée."
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