Les Variations Goldbergs jouées aux violons : loin de l'austérité de Gould, nous restituent cette tendre effusion qu'il y a souvent dans la musique de Bach, qu'il y a dans ses concertos pour violon ou haubois. Enfant, chez mon maître de musique, il y avait un portrait de Bach dans la salle de solfège. Perruque imposante, apparence sévère, mais seulement d'apparence... il me semblait répéter devant un maître impassible hormis un sourire de coin, une affection amusée dans les yeux.
La douceur des cordes et ces violons qui se répondent accentuent ce que l'on oublie un peu dans le jeu du clavier : c'est que ces notes ne sont pas assemblées pour une seule mélodie mais se répondent, jouent un dialogue. Il y a dans d'autres oeuvres d'autres compositeurs des lignes mélodiques assemblées dont l'assemblage même donne la mélodie, un peu comme un cordon tressé de plusieurs fils; mais on sent que ces lignes si elles se complètent, vont dans la même direction. Là le dialogue est plus proche de celui du concerto, soliste/orchestre ou de la musique de chambre. Je comprends pourquoi Glenn Gould tenait à ce point à tout décomposer, à se concentrer sur ce que chaque mesure avait à dire. Car chaque ligne mélodique joue sa partition seule en réponse aux autres. Jouer Bach au clavier c'est donc faire de chacun de ses doigts un instrument isolé mais en correspondance avec toute la main.
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