samedi 15 juin 2013

Si vous aviez le choix de dîner avec trois personnes, mortes ou vivantes, quelles seraient-elles ?



Cette question tirée d'une page web débile sur 'comment en savoir un max sur quelqu'un au premier rendez-vous (genre Meetic). J'imagine la tête d'Anadema avec mes réponses, tiens…

Le premier qui m'est venu à l'esprit, c'est évidemment Sohrawardî : d'abord pour savoir à quoi il ressemble (et comparer avec l'image que j'en donne dans La Rose de Djam) ; le voir en chair et en os. Quant aux questions que je pourrais lui poser, je crois que je serais surtout pétrifiée de… non pas de timidité, mais écrasée par le sentiment de ma nullité intellectuelle, de mon insignifiance. Je crois que j'ouvrirais à peine la bouche ! Juste l'écouter. Un cours magistral, en somme.

Du coup, en second convive, je voyais bien Mollah Sadra. Ce serait fabuleux d'assister à leurs débats, discussions, chipotage de lumières archangéliques et comment je te coupe l'étant - existant en 4 ou 8… Là encore, c'est sûr, je la fermerais comme un cancre ébloui et bouche-bée. 

Je crois que j'enregistrerais tout de tous mes yeux-oreilles (voire narines) grands ouverts, mais le bec fermé par la contemplation, me sentant à peine exister… comme devant un paysage exceptionnel, un concert inouï.

Mais le troisième, je pense que je ce serait le Christ et que je l'inviterais à part des autres. Déjà parce que je ne pense pas que les discussions philosophies et gnostiques des deux autres intellos le passionneraient tant que ça. Et puis à lui, j'aurais sûrement des questions à poser, des demandes de clarifications, vérifier certains propos, voire protester sur des points litigieux… Voir aussi à quoi il ressemblait, bien sûr, et ce n'est pas futile, de savoir quel corps il avait et comment il était dans son corps (et puis prendre des notes et écrire un évangile de plus et voilà le best-seller de la décennie, nan, je blague…). Bon, sûrement, je penserais aussi à la fermer et à écouter un peu, quand même, mais l'amusant est que je ne serais pas si impressionnée que ça. Plutôt comme devant un familier, ou au moins un maître avec qui j'aurais correspondu longtemps, par mails ou courrier, et que je rencontrerais enfin, dans un sentiment d'inconnu-connu qu'on a aussi quand on rencontre enfin quelqu'un hors du web. Je serais beaucoup moins impressionnée ou complexée parce qu'après tout il a passé sa vie à expliquer des choses simples à des gens qui n'étaient pas vraiment des flèches, alors ça irait…

En fait, je crois que je serais beaucoup moins intimidée d'avoir Dieu en personne à dîner, que Sohrawardî ! Murîd branque…


Willem Isaacsz. van Swanenburch
1611, gravure
Metropolitan Museum of Art

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.