Sidérée par le nombre de nanas qui, dans le train, aux heures de pointe, le soir (je ne suis pas assez matinale pour savoir si le matin, elles font de même), lisent 50 Shades of Grey, avec l'ennui concentré qu'elles devaient avoir quand il fallait s'avaler en classe de français les ennuis d'Eugénie Grandet ou d'Emma Bovary.
'La mère en prescrira la lecture à sa fille'; Sade, en épigraphe de La Philosophie dans le boudoir Silvestro Lega, 1875, huile sur toile, C. P. |
Ce n'est pas le succès de ce qui, d'un point de vue littéraire, doit être une daube, qui me stupéfie – la littérature 'à lire d'une main' n'a pas pour ambition d'exploser les degrés de l'excellence stylistique, seulement d'être efficace à un tout autre niveau – c'est le fait de lire dans le train, au vu de tous, un texte érotique, en ayant l'air aussi enflammée et émoustillée qu'une vache digérant sa luzerne, qui me laisse perplexe.
J'imagine qu'elles trouveraient plus choquant qu'on leur déploie sous le nez un vulgaire poche, aux couleurs et au titre beaucoup moins nuancés, genre Chattes en chaleur et culs à fouetter. Mais ce serait peut-être plus drôle (comme Sade était drôle).
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