Marcel Conche qui oppose l'argument bateau des athées à l'existence de Dieu : "Et la souffrance des enfants ? hein ? hein ?" Déjà le sous-entendu, l'évidence tacite que si Dieu il y a, il ne peut être que forcément bon, cette contradiction insurmontée "Dieu est bon et moi, j'ai mal, scandale" montre à quel point même les athées sont imprégnés de culture biblique. Qui leur a dit, sinon, que Dieu était forcément gentil ?
Mais je n'ai jamais trop compris pourquoi, hormis d'un point de vue sentimental, la souffrance était plus scandaleuse à 5, 10 ans, qu'à 30, 40, 80 ans. On n'a pas un système nerveux qui s'endurcit et se corne avec l'âge. Tout être souffrant est démuni comme un enfant,. Alors pourquoi l'enfant c'est plus injuste ? Parce qu'il est innocent, répond-on. Mais innocent de quoi ? Et plus tard, il sera coupable de quoi ? Là encore, c'est bien une idée chrétienne que la perte de l'innocence angélique vient avec la puberté, c'est-à-dire l'innocence de la non sexualité (illusoire), l'idée d'un Eden primordial que l'on quitte à l'adolescence, la connaissance du Bien et du Mal, la responsabilité du monde, tout ça.
C'est surtout illogique pour quelqu'un qui loue la Nature : en cas de danger ou de famine, ce sont les chiots les premiers sacrifiés, même par leur mère. Les petits, les faibles, servent à ça : assurer la survie du reste. La Nature n'a pas de sentiments pour les bébés.
Enfin, quand on met la Raison au dessus de tout, les êtres les plus déraisonnables (enfants, animaux, idiots) devraient logiquement morfler en premier. Disons que ça devrait être moins grave de torturer un être déraisonnable de 3 ans qu'un homme averti de 35. C'est, après tout, pour cela que nous nous nourrissons d'animaux torturés, parce que, tout de même, l'homme vaut plus, il pense.
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Dans les journées de pire exaspération, ces jours où l'on a le corps et le cœur à feu et à sang, ou simplement à vif de suprême agacement, on peut être sûr que ça va être précisément la journée où tous les M. Cornichon ou Mme Cornichonne du monde se pointent pour vous rappeler que le Prochain, l'Autre, celui qui barre la porte du Royaume, ce n'est pas l'ennemi, c'est le casse-pied à qui, mentalement, j'éclate le nez à coup de semelle montagnarde vingt fois par jour.
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Cela faisait des années que je n'écrivais plus avec des stylo plumes dignes de ce nom, depuis qu'en 2004 j'avais explosé un Mont Blanc en le laissant tomber du haut de la mezzanine et que le waterman avait rendu l'âme peu de temps avant. Là, je me suis décidée pour un Parker bleu nuit. Jamais eu de Parker, on verra bien.
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