Il n'oublie pas la récompense de ce travail, celle que l'interprète reçoit quand brille enfin la lumière, froidement et même implacablement rationnelle en un sens, et tout le contraire en même temps, irrecevable aux yeux du monde, folle, proprement démente, puisqu'elle parle du Christ, puisque le Christ parle par elle, puisqu'elle valide intensément les espoirs qui paraissent les plus absurdes, et même de nos jours les plus coupables. Ne suggère-t-elle pas que tous nos vrais désirs seront comblés simultanément ?René Girard, La Route antique des hommes pervers.
C'est la fin de ce passage que j'aime, l'idée que tout est possible, que tous nos désirs, s'ils sont vrais, seront comblés si nous le voulons assez, même ceux dont la conciliation parait impossible. Faire de tous nos désirs en apparence inconciliables un faisceau serré, tenu fermement en un seul Possible.
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Dès le début, dès les premières minutes, j'ai su que j'allais aimer. Je sais toujours si je vais aimer un film aux premières images, sans encore savoir pourquoi.
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Mache dich, mein Herze, rein,
Ich will Jesum selbst begraben.
Denn er soll nunmehr in mir
Für und für
Seine süße Ruhe haben.
Welt, geh aus, laß Jesum ein !
L'air de saint Matthieu que je préfère, encore plus que le Erbarme dich. Longtemps, j'ai préféré la Passion selon saint Jean, que je trouvais plus expressive, plus colorée, plus flamboyante, dramatique en un mot. À côté celle de saint Matthieu me semblait plus sourde, mat, comme un bois non verni avec des échardes. Maintenant, si une doit me tirer des larmes, c'est celle-là, qui est la plus tendre, la plus humaine, la plus apaisée aussi.
Et puis j'aime beaucoup cette idée, que nos cœurs soient le repos du Christ. Il n'y a qu'un chiite épris de son Imam qui peut comprendre cela.
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Contente du roman d'Oya Baydar, Parole perdue. Une très bonne surprise. J'avais peur d'une de ces histoires relou et grises, morne crise d'intello indécis, un peu comme le film Uzak.
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