mercredi 16 décembre 2009

Je touche presque au moment où je dois commencer et finir


Lubin Baugin, 1630, Galerie Spada, Rome.
J'avais conçu le dessein, écrit Montesquieu en tête d'un complément de L'Esprit des lois qu'il projetait, de donner plus d'étendue et plus de profondeur à quelques endroits de cet ouvrage ; j'en suis devenu incapable. Mes lectures ont affaibli mes yeux, et il semble que ce qui me reste encore de lumière n'est que l'aurore du jour où ils se fermeront pour jamais. Je touche presque au moment où je dois commencer et finir, au moment qui dévoile et dérobe tout, au moment où je perdrai jusqu'à mes faiblesses mêmes. Pourquoi m'occuperais-je encore de quelques écrits frivoles ? Je cherche l'immortalité, et elle est dans moi-même.

in Maurice Blanchot, Chroniques littéraires du «Journal des débats»: Avril 1941 - août 1944.

3 commentaires:

  1. Très beau.
    Dis-moi, c'est pas évident de trouver la bonne couleur pour un texte sur un fond illustré, n'est-ce pas ? :-)

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  2. C'est exprès, comme l'alphabet crypté des Nizaris, c'est la taqiyat, pour déchiffrer, faut faire l'effort ! :D

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.