Naître, c'est, après avoir eu toutes choses, manquer soudain de toutes choses, et d'abord de l'être, – si l'enfant n'existe ni comme corps constitué, ni comme monde. Tout lui est extérieur, et il n'est presque rien que cet extérieur : le dehors, l'extériorité radicale sans unité, la dispersion sans rien qui se disperse; l'absence qui n'est absence de rien est d'abord la seule présence de l'enfant, mais ce manque, c'est l'"inconscient" : la négation qui n'est pas seulement défaut, mais rapport à ce qui fait défaut – désir. Désir dont l'essence est d'être éternellement désir, désir de ce qu'il est impossible d'atteindre et même de désirer.
Maurice Blanchot, L'Entretien infini
mercredi 19 août 2009
Naître, c'est manquer soudain de toutes choses
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