Rûzbehân avait en vision l'assurance qu'il était membre haut placé de cette hiérarchie spirituelle, un des Sept. Le problème est que, comme les Quarante, ces grands saints
"sont visibles mais ne se montrent pas, car ils ne font pas étalage de leur rang et de leurs pratiques, et masquent même leur sainteté, à l'instar des malâmî."
Or Rûzbehân n'a jamais caché ni sa sainteté ni le rang qui lui avaient été révélées. Même Tirmidhî en parla, quelque fois. Or, en tout logique, c'est celui qui le dit qui n'y est pas...
Via Abû Bakr al-Kattânî, on a, en tout cas, toute une carthographie des saints, "complétée" par Rûzbehân :
"Une autre tradition citée d'après Abû Bakr al-Kattânî nomme les différents types de saints et les rapporte à des lieux précis formant une véritable géographie spirituelle, complétant l'aspect historial décrit dans le premier hadîth. Les trois cents chefs, nuqabâ', demeurent au Maghreb, les soixante-dix nobles, nujabâ, en Egypte ou au Levant, les quarante substituts, budalâ', en Syrie, les sept vertueux, akhyâr, voyagent sur toute la terre, les trois, les quatre, suivant les manuscrits, soutiens, 'umadâ', sont cachés dans les coins de la terre comme l'indique leur nom, et le ^pôle, quant à lui, réside à La Mecque, comme pour Ibn 'Arabî. Rûzbehân complète ailleurs cette première géographie [Shahr : 10]. Il y a douze mille saints qui se trouvent au Turkestan [Asie centrale], en Inde et en Afrique orientale et en Abyssinie ; quatre mille dans le Rûm [Europe], le Khurâsân et l'Iran ; quatre cents sur les rives des mers dans les régions maritimes ; trois cents qui possèdent des confréries au Maghreb et en Egypte ; soixante-dix qui se trouvent au Yémen, à Tâ'if, à La Mecque, au Hijâz, à Basra et à Batâ'ih (Wâsit) ; quarante en Irak et en Syrie ; dix à La Mecque et à Jérusalem ; sept qui parcourent la terre entière en permanence ; trois dont l'un est de Perse, l'autre arabe et le dernier de Rûm. Seul le pôle, ou qutb ou ghawth, n'est pas situé dans un lieu, mais les propos précédents le situent à La Mecque. On a ici affaire à une double territorialisation, à la fois spirituelle, idéale et concrète, physique, puisque la particularité du saint est de spiritualiser le monde corporel. S'ily a donc nécessité d'une hiérarchie spirituelle, c'est pour que puisse apparaître un royaume idéal, une géographie spirituelle dans le monde pour qu'il se maintienne en y puisant son orientation."
L'ennuagement du coeur de Rûzbehân.
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