Jolie trouvaille de Dieu, qui en plus d'en être la cause est aussi "la forme dernière du monde" :
"Si nous disons de lui qu'il est la forme dernière de tout l'univers, il ne faut pas croire que ce soit là une allusion à cette forme dernière dont Aristote dit, dans la Métaphysique, qu'elle ne naît ni ne périt ; car la forme dont il s'agit là est physique, et non pas une intelligence séparée. En effet, quand nous disons de Dieu qu'il est la forme dernière du monde, ce n'est pas comme la forme ayant matière est une forme pour cette matière, de sorte que Dieu soit une forme pour un corps. Ce n'est aps ainsi qu'il faut l'entendre, mais de la manière que voici : de même que la forme est ce qui constitue le véritable être de tout ce qui a forme, de sorte que, la forme périssant, l'être périt également, de même Dieu se trouve dans un rapport absolument semblable avec tous les principes de l'être les plus éloignés ; car c'est par l'existence du Créateur que tout existe, et c'est lui qui en perpétue la durée par quelque chose qu'on nomme "l'épanchement", comme nous l'exposerons dans l'un des chapitres de ce traité. Si donc la non-existence du Créateur était admissible, l'univers entier n'existerait plus, car ce qui constituent ses causes éloignées disparaîtrait, ainsi que les derniers effets et ce qui est intermédiaire ; et, par conséquent, Dieu est à l'univers ce qu'est la forme à la chose qui a forme et qui par là est ce qu'elle est, la forme constituant son véritable être. Tel est donc le rapport de Dieu au monde, et c'est à ce point de vue qu'on a dit de lui qu'il est la forme dernière et la forme des formes ; ce qui veut dire qu'il est celui sur lequel s'appuie en dernier lieu l'existence et le maintien de toutes les formes dans le monde, et que c'est par lui qu'elles subsistent, de même que les choses douées de formes subsistent par leur forme. Et c'est à cause de cela qu'il a été appelé, dans notre langue, 'hay âolamîm, ce qui signifie qu'il est la "vie du monde", ainsi qu'on l'exposera (plus loin)."
Moïse Maïmonide, Le Guide des égarés, suivi du : Traité des huit chapitres, I, 69, "La cause première", trad. Salomon Munk.
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