vendredi 3 août 2007

Journal de Paris à Venise



"Le château de Joux défend les approches de Pontarlier ; il a vu se succéder dans ses donjons deux hommes dont la révolution gardera la mémoire : Mirabeau et Toussaint-Louverture, le Napoléon noir, imitié et tué par le Napoléon blanc. "Toussaint, dit Madame de Staël, fut amené dans une prison de France, où il périt de la manière la plus misérable. Peut-être Bonaparte ne se souvient-il pas seulement de ce forfait, parce qu'il lui a été moins reproché que les autres."

"Dans la vallée du Rhône, je rencontrai une garçonnette presque nue, qui dansait avec sa chèvre ; elle demandait la charité à un riche jeune homme bien vêtu qui passait en poste, courrier galonné en avant, deux laquais assis derrière le brillant carrosse. Et vous vous figurez qu'une telle distribution de la propriété peut exister ? Vous pensez qu'elle ne justifie pas les soulèvements populaires ?"


En visitant les célèbres prisons de Venise :


"Force sentences barbouillent les voûtes et les murs des souterrains, depuis que notre révolution, si ennemie du sang, dans cet affreux séjour, d'un coup de HACHE a fait entrer le jour. En France, on encombrait les geôles des victimes dont on se débarrassait par l'égorgement ; mais on a délivré dans les prisons de Venise les ombres de ceux qui peut-être n'y avaient jamais été ; les doux bourreaux qui coupaient le cou des enfants et des vieillards, les bénins spectateurs qui assistaient au guillotiner des femmes s'attendrissaient sur les progrès de l'humanité, si bien prouvés par l'ouverture des cachots vénitiens."

Mémoires d'Outre-tombe, Chateaubriand.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.