Film bien plus inspiré que Raison et Sentiments car réglé et conçu comme un ballet. Beauté de l'aveu final devant le père (terrible Donald Sutherland), et cette merveille subtile que permet la langue anglaise et non la française : "Do you like it ?" "..." Oh my God ! You love him !"
Grâce et beauté des jeunes acteurs, le couple Lizzie Darcy prenant d'ailleurs toute la place, les deux blondins aux clairs regards n'étant là que pour faire-valoir. Matthew McFaden, tout à fait comme dans le roman, dans les yeux de Lizzie, au début peu attrayant, longue figure maussade, et puis progressivement, de plus en plus éclairé de l'intérieur, des yeux gris transparents, éclairés, avec une élégance très cavalière, une façon très aristocratique de rendre les armes. Face à lui, le visage rieur, toute en spontanéitée pensive, de Kera Knightley porte à lui seul toute l'intériorité du récit.
Moment de grâce dans cette danse d'amoureux naissants qui tels des poissons-combattants, simulent ce qui est parade et combat, regard chagrin, hostile et déjà pourtant éperdus. Grâce dans cette tension des corps et des inclinaisons de tête, des yeux qui se croisent, il faut imaginer, il faut avoir vécu dans une société où le toucher est quasi inexistant, et où le seul contact parfois rarement permis, est celui d'une main que l'on saisit, à l'occasion d'une montée en voiture, doigts saisis, yeux détournés, et quelle tension l'éloignement des corps fait naître, ce n'est plus que le désir monte, c'est qu'on est soi-même tout désir de la tête aux pieds. La scène finale, sans même un baiser, hormis celui qui est presque une allégeance, juste deux fronts qui se touchent, grésille de sensualité. Et il paraît que le soleil se levant entre les deux têtes des amoureux était fortuit, hasard de cosmos...
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