vendredi 10 février 2006

Thérèse : bientôt la quille !

Je termine donc bientôt la Vie de Thérèse d'Avila par elle-même : ça se tire, ouf ! Quelques jolis passages pourtant, tout de suite gâchés par son misérabilisme récurrent, "je suis indigne" 'comment ai-je osé ?" "moi et mes si grands péchés", etc. Je me demande s'il n'y a pas là une vanité détournée ou inversée à force. A force de lire "moi, des plus misérables", on a envie de lui dire : "mais arrête de te vanter à tout bout de champ, enfin !"

Cela dit, vues intéressantes sur le catholicisme espagnol du 16° siècle. Monde confiné, ranci dans sa dévotion paranoïaque (la peur du scandale, de l'hérésie, du péché, du démon, tout ça cumulé ça fait beaucoup). Quand elle veut fonder son monastère, naturellement elle se heurte à toute la bonne société, les figures sinistres de l'autorité, le Confesseur, le Provincial, le Conseil royal... On lui souffle même la menace de l'Inquisition à un moment ! ce qui la fait rire, tant elle est assurée de sa bonne foi, et donc de passer sans dommage leur examen, peut-être de façon présomptueuse, car qui pouvait être assuré sans aucun doute de trouver grâce aux yeux de ces Messieurs ? Cette Espagne-là, c'est celle qui va chasser ses Morisques et qui a déjà chassé ses juifs (ce qu'elle devait sans doute approuver, en bonne catholique). Les pays "purifiés" sentent la mort, ensuite, ça se vérifie là encore. une fois qu'on ne peut plus décharger ses craintes névrotiques du péché sur l'infidèle, le juif, le sang souillé, il ne reste plus qu'à les retourner sur soi. Finalement, chasse le Juif et l'Infidèle de ta vue, et tu assureras le règne de tes démons intérieurs...





Je repense à Terra Nostra de Fuentès, livre prodigieux, et ce beau tableau si moqueur, que l'on fait danser sous les yeux du roi Philippe, rongé aux vers de son vivant... Il faudra que je le mette ici.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.