samedi 16 juillet 2005

La mort du chien Karénine


Dans L'Insoutenable Légèreté de l'être, les derniers chapitres, que je relis toujours avec autant de ferveur, pages absolument parfaites, poignantes et souriantes, tendres et pourtant retenues, quelle maîtrise, quel grand écrivain !

"Tereza était agenouillée au pied du lit et tenait la tête de Karénine dans ses mains contre son visage.

Tomas lui demanda de serrer fermement la patte de derrière juste au-dessus de la veine qui était mince et où il était difficile d'enfoncer l'aiguille. Elle tenait la patte de Karénine, mais sans éloigner son visage de sa tête. Elle lui parlait sans cesse d'une voix douce et il ne pensait qu'à elle. Il n'avait pas peur. Il lui lécha encore deux fois le visage. Et Tereza lui chuchotait : "N'aie pas peur, n'aie pas peur, là-bas tu n'auras pas mal, là-bas tu rêveras d'écureuils et de lièvres, il y aura des vaches, et il y aura aussi Méphisto, n'aie pas peur..."

Tomas piqua l'aiguille dans la veine et pressa le piston. Un léger tressaillement parcourut la patte de Karénine, sa respiration s'accéléra puis s'arrêta net. Tereza était agenouillée par terre au pied du lit et pressait son visage contre sa tête.

Ils durent retourner à leur travail et le chien resta couché sur le lit, sur le drap blanc orné de fleurs violettes."
L'insoutenable légèreté de l'être

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.