"J'ai pour les bêtes, toutes les bêtes, un coeur de concierge, et de vieille concierge. Si j'avais l'habitude des phrases poétiques, je dirais que je me sens le frère de ces vieilles femmes à cabas qui portent le soir à manger, aux grilles des jardins publics, aux chats sans patrons. Je ne donne jamais un centime aux pauvres, le spectacle des gens écrasés m'est indifférent, les gens qui pleurent aux enterrements me semblent très laids, et quand ma chère bien-aimée est malade, je vais me promener. Mais mon chat est le maître chez moi, mes fenêtres sont pleines de pain pour les oiseaux, je pars chaque matin avec des provisions de pain que je distribue à tous les moineaux de ma route, je donne du sucre aux chevaux de fiacre dont la misère finira par m'empêcher de sortir, j'achète de la viande aux chiens perdus que je rencontre, et si je m'écoutais, et si je le pouvais, ma maison serait pleine de bêtes, au lieu que j'y sois seul, car vous pouvez vous en douter, vous, un de ses oncles ! est bigrement loin d'être une bête. Que de cochers de fiacres j'ai dans mes relations, pour bavarder de temps en temps avec eux, et que de bonnes bêtes, dans mon quartier, qui me connaissent."
Paul Léautaud, Paris le 23 mars 1906, lettre à Charles Régismanset.
Voilà que je me replonge avec un très grand plaisir dans le volume 1 de la Correspondance de Léautaud. J'essaie de commander le volume 2, paru en octobre 2001, mais il est indisponible. Je ne comprends pas la politique de non-réédition des éditeurs.
Le regret, en lisant la Correspondance de Léautaud, de ne pouvoir lire ces romans, ces vers début de siècle dont il parle (souvent en répondant aux envois des auteurs) et qui doivent paraître bien fanés aujourd'hui.
Son élégance de style est telle que les compliments de circonstance, plus ou moins sincères, qu'il tourne aux auteurs n'apparaissent pas du tout comme flagorneurs, ni même hypocrites : c'est presque comme une politesse surannée, un art de cour.
Paul Léautaud, Paris le 23 mars 1906, lettre à Charles Régismanset.
Voilà que je me replonge avec un très grand plaisir dans le volume 1 de la Correspondance de Léautaud. J'essaie de commander le volume 2, paru en octobre 2001, mais il est indisponible. Je ne comprends pas la politique de non-réédition des éditeurs.
Le regret, en lisant la Correspondance de Léautaud, de ne pouvoir lire ces romans, ces vers début de siècle dont il parle (souvent en répondant aux envois des auteurs) et qui doivent paraître bien fanés aujourd'hui.
Son élégance de style est telle que les compliments de circonstance, plus ou moins sincères, qu'il tourne aux auteurs n'apparaissent pas du tout comme flagorneurs, ni même hypocrites : c'est presque comme une politesse surannée, un art de cour.
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