vendredi 27 août 2004



"Le plus souvent un homme aime les autres hommes à condition qu'ils appartiennent, eux et lui, au même troupeau ; ou encore à condition qu'ils fassent partie du même clan, de la même tribu, de la même caste. Celui qui aime son prochain si ce prochain est paroissien de la même paroisse n'aime pas les hommes ; celui qui aime une femme en tant qu'elle appartient à la même caste ne sait pas ce qu'est l'amour."

Allons, je ne suis pas seule à mépriser les mariages endogames, que ce soit par convenances religieuses, sociales, ou nostalgie de diaspora...

"Nivelant à la fois les décisions drastiques de la volonté et les disparités dramatiques de l'émotion, l'immoralisme s'adresse non pas à des êtres humains passionnément concernés, mais à des momies. Le cardiogramme moral est plat et la charge d'affectivé tombe à zéro. La morale vilipendée, assassinée par les groupes soi-disant amoraux, se réfugie sous d'autres formes dans les "codes" de ces catégories sociales ! Les apaches ont un "honneur" et les prostituées observent gratuitement certaines règles de camaraderie désintéressée ou de piété filiale. La morale a toujours le dernier mot : traquée, persécutée par l'immoralisme, mais non pas nihilisée, elle connaît toutes sortes de revanches et d'alibis ; elle régénère à l'infini, elle renaît de ses cendres, pour notre sauvegarde. Car on ne peut vivre sans elle."


"Les blasphèmes vérifient expérimentalement que Dieu n'a pas d'amour-propre, que Dieu n'est pas "susceptible", que Dieu n'est pas irascible, que Dieu ne saurait être défié ni offensé, que le divin est au-delà de nos ridicules et impuissants anthropomorphismes. Le discours cynique est donc bien malgré lui une manière d'alibi ; son intempérance elle-même est donc révélatrice. Aussi n'y a-t-il pas lieu d'attacher une importance excessive à la rhétorique du juron et du gros mot." Vladimir Jankélévitch, Le Paradoxe de la morale

"Dans l'immense collection d'absurdités, de préjugés barbares ou saugrenus dont l'histoire et l'ethnologie déroulent pour nous le film pittoresque, comment choisir ? Devant cet océan de possibilités hypothétiques et finalement indifférents où toutes les aberrations de la tyrannie paraissent justifiables, trouverons-nous jamais un seul principe de choix ? une seule raison d'agir ? Et pourquoi l'un plutôt que l'autre concept ?" 

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.