"Le Zéro touche à l'Être, car c'en est justement l'absence."
Théocritias d'Apamée.
jeudi 30 janvier 2003
samedi 25 janvier 2003
vendredi 24 janvier 2003
lundi 20 janvier 2003
vendredi 17 janvier 2003
Mal
mercredi 15 janvier 2003
Les coeurs doux
"Il faut avoir l'esprit dur et le coeur doux. Sans compter les esprits mous au coeur sec, le monde n'est presque fait que d'esprits durs au coeur sec et de coeurs doux à l'esprit mou."
Jacques Maritain.
Jacques Maritain.
dimanche 12 janvier 2003
"La pitié traîne la jambe"
L'après-midi, à Bagatelle. Là, Charmille m'a raconté qu'on arrêtait, ces jours-ci, des étudiants qui avaient arboré des étoiles jaunes avec diverses inscriptions telles que "Idéaliste" et d'autres de même genre, afin d'aller se promener ainsi, démonstrativement sur les Champs-Elysées.
Ce sont des êtres qui ne savant pas encore que les temps de la discussion sont passés. Ils supposent aussi que l'adversaire a le sens de l'humour. Ils ressemblent à des enfants qui vont se baigner, ou agitent de petits fanions, dans des eaux où nagent des requins. Ils se rendent plus faciles à reconnaître."
"Ce que l'on appelle une "quart-de-juive." Pour cette raison, ses colocataires lui ont interdit d'utiliser l'abri de défense passive. Il est difficile de croire que le sens de la pureté raciale ait atteint un pareil raffinement chez les professeurs hambourgeois qui habitent cet immeuble - ils ont, par contre, un flair sinistrement précis quand il s'agit de découvrir leur souffre-douleur."
Phrase superbe : "la pitié traîne la jambe."
Prémonition : "je crains qu'après la guerre, de vastes parties de la planète ne soient hermétiquement fermées."
Le corps de l'écrivain
"Sa femme, plus intriguée, cherche à percer le secret de l'écrivain, son allure absente, son écoute subversive, son regard dangereux. C'est tout le problème du corps de l'écrivain dont nous avons souvent parlé, Sollers et moi. J'aime tellement écouter, voir et apprendre que je suis toujours un peu en retrait quels que soient mes emportements."
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze, p. 3033.
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze, p. 3033.
samedi 11 janvier 2003
Notes retrouvées qui avaient été écrites l'an dernier à l'occasion de l'exposition Paris-Barcelone
"Dali, dans sa période Derain est plutôt plat, sauf son beau portrait de Bunuel, digne d'un maître flamand. Avec le cubisme, enfin, on respire ! ça commence par un papier collé de Picasso, et puis ses paysages cubistes. A côté, Braque, Nature morte au violon. Peut-être vu ce qui les différenciait. Les formes de Picasso s'avancent hors de la toile, léger bombement, peinture convexe, celles de Braque, on a l'impression qu'elles se creusent en profondeur, peinture concave.
La dernière salle, la plus belle. Des études en noir et blanc de La guerre civile de Dali et de Guernica. Superbe portrait isolé, en noir et blanc, tête blanche sur fond noir, du cheval. Un cheval qui souffre le fait plus qu'un homme, c'est ce que Picasso a compris. Tout comme Le boeuf écorché de Rembrandt est l'absolu de la Crucifixion.
Naturellement, le musée ne vendait que des affichettes de l'insignifiant Miro, et rien de Picasso ! Pour savoir quelle est l'oeuvre la plus faible d'une exposition, il suffit de faire confiance à la RMN : c'est celle qui a été choisie pour la reproduction. Là, c'est grandiose : tasses Miro, bijoux Miro, foulard Miro, etc. Alors que des deux, c'est tout de même Picasso le vrai potier !
Il y avait Juan Gris aussi. Vrai maître, métier fin, vibrant, sensible. Ses compositions, c'est comme s'il les resserrait en leur milieu, les étranglant en deux éventails, inférieur et supérieur."
"Dali, dans sa période Derain est plutôt plat, sauf son beau portrait de Bunuel, digne d'un maître flamand. Avec le cubisme, enfin, on respire ! ça commence par un papier collé de Picasso, et puis ses paysages cubistes. A côté, Braque, Nature morte au violon. Peut-être vu ce qui les différenciait. Les formes de Picasso s'avancent hors de la toile, léger bombement, peinture convexe, celles de Braque, on a l'impression qu'elles se creusent en profondeur, peinture concave.
La dernière salle, la plus belle. Des études en noir et blanc de La guerre civile de Dali et de Guernica. Superbe portrait isolé, en noir et blanc, tête blanche sur fond noir, du cheval. Un cheval qui souffre le fait plus qu'un homme, c'est ce que Picasso a compris. Tout comme Le boeuf écorché de Rembrandt est l'absolu de la Crucifixion.
Naturellement, le musée ne vendait que des affichettes de l'insignifiant Miro, et rien de Picasso ! Pour savoir quelle est l'oeuvre la plus faible d'une exposition, il suffit de faire confiance à la RMN : c'est celle qui a été choisie pour la reproduction. Là, c'est grandiose : tasses Miro, bijoux Miro, foulard Miro, etc. Alors que des deux, c'est tout de même Picasso le vrai potier !
Il y avait Juan Gris aussi. Vrai maître, métier fin, vibrant, sensible. Ses compositions, c'est comme s'il les resserrait en leur milieu, les étranglant en deux éventails, inférieur et supérieur."
Ceux qui n'aiment pas les animaux
"Que ceux qui n'aiment pas les animaux souffrent et réagissent autant qu'eux à tout, après ils pourront se considérer comme des hommes."
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze, p. 2986.
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze, p. 2986.
mercredi 8 janvier 2003
Des choses sérieuses
"L'argent est une chose sérieuse, comme la merde ou le sexe : n'y entre aucun sentiment..."
Marc-Edouard Nabe ; Kamikaze, p. 2811;
Marc-Edouard Nabe ; Kamikaze, p. 2811;
lundi 6 janvier 2003
Suicide
"L'homme qui tue un homme tue un autre homme. L'homme qui se tue lui-même tue tous les les hommes. Il efface de lui le monde."
Chesterton.
Chesterton.
dimanche 5 janvier 2003
samedi 4 janvier 2003
Eclaircie
Dans mon sac de livres, le libraire a glissé, au lieu des catalogues habituels, une plaquette de divers poètes édités par Gallimard entre 2000 et 2002. Petit printemps portatif. Je ne m'en suis aperçue qu'au retour. Sous une grosse bourrasque de neige, avec les trottoirs tout blancs et glissants, je marchais sans le savoir en portant ce petit printemps.
Eclaircie
La chambre des mystères est nue comme la main
Je me demande où dort le peuple des ombres
Même le soir rien n'est sombre
On n'a plus à attendre demain
Dans la rue je reconnais ton pas
Tu es la tout insensée qui danse
Avec des chaussures fleuries
Sur la jungle des trottoirs
Il se peut que je coure comme un fou
Aux quatre coins d'un monde surpeuplé
Où personne n'écoute personne
Ni le crescendo de ton rire
Je décide seul de la route
Je ne veux pas savoir où je vais
J'attends l'éclair noir qui porte la nuit
Je rêve d'une éclaircie fatale
Le jour pousse une pierre tombale
Ce n'est pas le bout du chemin
Quelqu'un a pris toute la place
Un tourbillon de poudre d'or
Monte à l'assaut de mon coeur
André Velter, Une autre altitude, collection Blanche.
Eclaircie
La chambre des mystères est nue comme la main
Je me demande où dort le peuple des ombres
Même le soir rien n'est sombre
On n'a plus à attendre demain
Dans la rue je reconnais ton pas
Tu es la tout insensée qui danse
Avec des chaussures fleuries
Sur la jungle des trottoirs
Il se peut que je coure comme un fou
Aux quatre coins d'un monde surpeuplé
Où personne n'écoute personne
Ni le crescendo de ton rire
Je décide seul de la route
Je ne veux pas savoir où je vais
J'attends l'éclair noir qui porte la nuit
Je rêve d'une éclaircie fatale
Le jour pousse une pierre tombale
Ce n'est pas le bout du chemin
Quelqu'un a pris toute la place
Un tourbillon de poudre d'or
Monte à l'assaut de mon coeur
André Velter, Une autre altitude, collection Blanche.
Parce que l'homme n'est pas gentil avec Dieu
""Il n'y a pas de Bon Dieu", disent les naïfs. Si justement, il y en a un ! C'est justement dans ces circonstances qu'il est plus présent que jamais. C'est Bloy qui m'a fait comprendre ça. J'en suis maintenant persuadé. Je dirais même que Dieu est toujours absent quand tout va bien. Le drame, l'horreur, les accidents surtout qui déchirent la vie sont des manifestations de Dieu : il bouge le petit doigt. On sent sa présence. Il s'exprime, par la sanction ! Dieu est en colère contre l'impiété de l'homme et donc le punit en tapant là où ça fait mal, dans le tas d'innocents à coups de hasards... C'est dans ces moments-là qu'on est sûr que Dieu existe...
Pourquoi ces accidents horribles ? Parce que l'homme n'est pas gentil avec Dieu."
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze, p. 2734.
Pourquoi ces accidents horribles ? Parce que l'homme n'est pas gentil avec Dieu."
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze, p. 2734.
vendredi 3 janvier 2003
Artiste
""La vie crucifiée d'un pauvre con qui en chie pour éjaculer de l'art. Voilà."
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze.
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze.
jeudi 2 janvier 2003
"Rien que ça ! Avoir remarqué que le regard noir du cygne est hivernal et son bec ocre automnal, que les éléphants minaudent comme des montagnes pendant un tremblement de terre, que le tigre a des yeux de musulman âgé et le rhinocéros ceux d'un tsar détrôné, qu'une otarie en sautant a les mouvements d'un homme enfermé dans un sac (ou dans le même élan métaphorique contradictoire) ceux d'un monument en faute pris soudain d'une irrépressible gaieté ! - suffit largement à classer un écrivain, russe, futuriste ou pas."
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze.
Marc-Edouard Nabe, Kamikaze.
mercredi 1 janvier 2003
Mort cosmique
"Avant même que les infirmières refusent de faire la piqûre fatale à l'animal condamné (seuls les vétérinaires en ont le droit), les derniers soubresauts de vie secouent le pauvre chat. Et devant nous, les yeux grands ouverts, dans un dernier râle et une extrême saccade du ventre défoncé, il meurt. J'ai vraiment senti que lorsqu'un être vivant meurt, le monde meurt aussi avec lui, pendant un instant le reste de la vie s'arrête, comme dans un recueillement cosmique de tout ce qui va continuer à vivre... Puis ça repart, la machine terrestre se remet en route, peut-être pas de la même façon ?"
Marc-Edouard Nabe ; Kamikaze.
Marc-Edouard Nabe ; Kamikaze.
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