samedi 19 novembre 2011


Je possède maintenant l'intégrale des cantates religieuses de Bach par Harnoncourt et Leonhardt. Boucle bouclée. Ce qui est curieux, c'est que plus je m'attache à Bach, plus je me désintéresse de beaucoup de musiques anciennes et baroques que j'avais aimées avant… Harnoncourt et Leonhardt écrasant Christie.

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Une Séparation, d'Asghar Farhadi. Au début, cela m'ennuie. Et puis, comme pour À propos d'Elly, l'histoire finit par m'accrocher. Comme dans Elly, tous les personnages sont équitablement pitoyables ou crispants, à leurs moments.

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Et voilà : le docteur Jivago est mort. Maintenant, je relis La Conscience de Zéno, livre toujours associé, dans ma mémoire, à la chambre d'hôtel de Sivas où je l'avais lu pour la première fois.

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Filet de porc à la cévenole : olives vertes, vin blanc et marrons.

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Journée 'J'attends le Plombier', puisque ma chaudière fait sa crise cardiaque annuelle. L'année dernière, c'était très exactement le 28 novembre au soir, vêpres de l'Avent. Cette fois, elle est en avance sur l'année liturgique. Le plus drôle est la tête du plombier quand, me demandant la date de la dernière panne, j'ai pu lui donner exactement les jours et heures de la panne et de ses multiples interventions. Les archives redoutables des diaristes…

En attendant, à devoir chauffer de l'eau pour tout, j'ai l'impression de squatter la maison des Ingalls.


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Gosse, me fascinait le coutelas de Rahan. Non pas comme une arme, mais quand, à la fin, il le faisait tourner sur une pierre et choisissait de partir dans la direction pointée. Me paraissait merveilleux ce chemin donné par le hasard, et surtout, sans lui, comment prendre une direction plutôt qu'une autre, alors que tous les choix possibles s'offrent, affolants ? 

Est-ce que certaines choses sont écrites, certaines trajectoires tirées d'avance, ou est-ce qu'à chaque pas, nous avons le choix ? Qu'est-ce qui est écrit, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Qu'est-ce qui est voulu, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Et comment discerner, comment reconnaître la trajectoire essentielle des méandres mineures ? 

À quoi cela sert-il de dire : "Que Ta volonté soit faite" si, à tout moment, nous sommes libres ? Veux-Tu que je veuille ce que Tu veux, mais sans me le dire _ auquel cas ce ne serait qu'un désir de Ta part, que je satisferais sans le savoir ? _ et ainsi me donnant librement ; sinon, sachant ce que Toi, Tu veux, j'opterais uniquement en me disant que c'est ça, ce qu'il faut faire, bon gré mal gré. 

Comment faire Ta volonté en restant libre, si ce n'est en ignorant quelle est Ta volonté ? C'est peut-être pour cela que Tu n'aimes pas qu'on T'en demande, des signes : on se fait traiter d'engeance de vipère et autres noms charmants…  Et cela vient peut-être de là, cette histoire de fruit maudit, d'omniscience funeste à dérober. Il y a des connaissances qui emprisonnent.

Je n'ai jamais cessé d'utiliser, avec un jeu ou un autre, le couteau d'ivoire, car je voudrais tellement apprendre à voir, à sentir le vent… et au moment où je saurai tout, sans faute, j'aurais peut-être perdu le libre don.



samedi 5 novembre 2011


Reçu enfin le Théâtre de Maurice Boissard

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Thérèse d'Avila est morte dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582. Toujours ce côté m'as-tu vue, chez elle.


'Le Hibou et la baleine', Patricia Plattner

 Toussaint passée à lire Bouvier, Le Vide et le plein, et Léautaud. 

 'Il y a de très beaux arbres à Kyoto, mais ils vous laissent vous débrouiller tout seul' 
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 C'est tout de même plus drôle d'être amoureux que d'être informé, ne trouvez-vous pas ? Un homme averti en vaut deux ? mais il ne vaudra jamais le quart d'une dupe amoureuse de la vie. Moi je connais bien cela, et quand la vie me lâche, cette espèce d'hôpital que devient la mienne, ce goût de bile, ces chambres vides. Alors je m'arc-boute, je contre, je m'obstine, je me fais mauvais, dur, tranchant et cette espèce d'eczéma encore qui me mange la figure. Bon signe, ça ! Signe que ça bascule.  
Je verrais très bien une incantation magique commencer par ces deux mots : affûte, aiguise.  
un rituel du fil et de la lame 
un million de coups d'aiguisoir et 
l'ombre se retire, tranchée et je grave une fois de plus sur 
le manche 
l'encoche d'une victoire secrète 

On ne peut pas non plus s'incarner toujours, alors quand on n'est pas chair, qu'on soit au moins couteau. Le Diable est un émousseur. "
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Un tort peut-être dans mon attitude : les gens viennent à moi – c'est la coutume, et aussi la curiosité –, je les accueille bien, cela dure un moment et puis une sorte de lassitude se lève, le rideau tombe et je les renvoie. Plutôt, je ne les renvoie pas : ils sont encore autour de ma table et parlent, mais mentalement ils sont congédiés et je me dis : "Encore une fois, ceux-là ne sont pas pour moi." Ramasser ce qui est pour moi, et cela seulement. C'est peu mais c'est pour moi. Voilà pourquoi je voyage."  

Il y a tellement de traits de caractère que j'ai en commun avec Bouvier que je me demande si ce ne sont pas, au fond, quelques constantes de voyageurs. Mais les acquiert-on en voyageant ou bien devient-on voyageur en raison d'eux ?

 "Lorsqu'on a vraiment un but, les jours ne se ressemblent pas. Il n'y a plus de quotidien, plus rien qu'une immense trajectoire tendue. Ainsi sont les saints. Et la notion même du quotidien, dans cette perspective, au lieu d'évoquer la vie machinale, n'exprime plus que la périodicité de vastes rotations qui font progresser dans une direction choisie, de la même façon que le temps cyclique des saisons se combine au sens linéaire de la vie." 

Tomber là dessus… et me dire, en souriant, que je suis née du bois dont on fait les saints. Il n'est pas dit que je le devienne, mais au moins je saurais pourquoi cette crainte, toujours, jamais de 'mal finir', mais de n'avoir jamais 'commencé'.

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 Poulet, riz, roux blanc à la crème et au curry.

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Dans Lost, 'Sayyid' prononcé par des 'Arabes' qui s'essaient à l'accent local (tel qu'on le suppose aux US), devient Sa'id et même Sahid.  

Curieusement, de tous, celui qui, jusqu'ici, se comporte le plus sagement et le plus rationnellement, sans céder à son émotivité, crise d'ego, étroitesse d'esprit et tout, c'est Locke. De tous, c'est le seul qui me semble donc rationnel, raisonnable. Peut-être est-ce mon côté alien, mais vivre dans un monde où la norme humaine serait Locke me reposerait bien de la vie. 

Jack est de plus en plus agaçant, id. Charlie. Sawyer est de plus en plus sympathique. Michaël est un parfait connard et je me demande s'il arrivera un jour à dire autre chose que 'My booy ! My sooon !' sur le ton de qui réclame ses pantoufles et son journal. 

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Je commence le Journal de Stendhal. Il ne parle presque que de théâtre et moins drôlement que Maurice Boissard. Très chiant, je laisse tomber. À la place, je me délecte avec Tallemant des Réaux. Les romantiques, c'est toujours trop pleurards. Vive le Grand Siècle.

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Je me régale avec Éric Malpass et les Pentecost, dont je n'avais lu que les trois premiers, en traduction.

Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.