Film que j'ai énormément aimé et admiré, qui rappelle les contes persans sur la sagesse, l'illusion et la politique, (les Persans et les Juifs sont les deux figures emblématiques de la ruse et de la manipulation, dans l'imaginaire arabe). Mais là, cela va au delà de la ruse, puisqu'il s'agit de mentir de façon tellement absolue que c'est la vérité qui finit par avoir tort. Ainsi l'oral du concours pour le MOSSAD ressemble au dit grec "Tous les Crétois sont menteurs", ou l'énigme de la porte de la vérité et du mensonge. D'habitude, les films d'espionnage m'ennuient terriblement, soit dans l'action démesurée soit dans un bain de noirceur glaciale que menace l'ennui. Ici, il s'agit bien d'un jeu "de princes" comme on les nomme en Israël, fluide et vif, raffiné et psychologue, avec des agents qui ressemblent à une équipe d'ayyarâns persans que dirigerait un vieux vizir (Yossi) habile joueur et revenu de tout, pour qui la partie maintenant est tellement épurée qu'elle se réduit à un jeu d'épreuves entre Dieu et les Juifs : dans son équipe il y a les durs, Yuri "qui a fait l'Egypte", Haydon, grand seigneur aux manières royales qui cache la brutalité efficace et impitoyable d'un truand; il y a le héros de ce roman d'initiation, déterminé et impassible, résolu à jouer jusqu'au bout le jeu de "tu craqueras avant moi et je n'y perdrai pas mon âme". C'est d'une grande habileté que les traîtres soient en fait de braves cons sympathiques, maladroits amateurs qui est sans doute la spécialité des démocraties, les dictatures étant plus aptes à susciter les vocations de mouchards et de traitres professionnels. Donc ils servent, on les broit. C'est la question qui hante Ariel, autour du destin de Marie-Claude : Est-ce qu'on les broit tous ? Les misères du pitoyable Jonathan Pelman semble un moment répondre pour lui, alors qu'il est quand même inscrit "pigeon" en lettres d'or sur le front de ce type : le sioniste qui n'a pas même fait son aliyah mais qui rêve à Jérusalem, celui qui s'offre et supplie presque qu'on veuille bien de lui (erreur, c'est en s'offrant le moins qu'on vaut le plus cher à ce jeu) l'idéaliste bête à pleurer qui par ailleurs n'attend pas que ces "services" restent obscurs, ou non rétribués au moins par de la reconnaissance, "parce qu'il en fait tant" alors qu'on ne lui a rien demandé, et qui ne trouve pas étrange qu'au moment où on lui agite sous le nez un passeport israélien, cette même "citoyenneté" s'accompagne de liasses, une façon extrêmement subtile de laisser entendre, de lui montrer clairement, qu'il ne sera jamais considéré comme un des leurs, puisque les leurs triment et morflent pour bien moins. Toujours cette éternelle déconvenue du renégat considéré comme peu fiable par le prince qui l'a "retourné".
La fin est belle, celle de la voiture, quand Yossi attend Ariel à l'autre bout de sa longue cavale, et que le vizir qu'il s'imaginait prêt à l'exécuter, le cloue de son indulgence amusée, et quand l'ultime fin, confirme, qu'il est encore bien vert, celui qui "voit tout en noir".
La fin est belle, celle de la voiture, quand Yossi attend Ariel à l'autre bout de sa longue cavale, et que le vizir qu'il s'imaginait prêt à l'exécuter, le cloue de son indulgence amusée, et quand l'ultime fin, confirme, qu'il est encore bien vert, celui qui "voit tout en noir".
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