jeudi 17 février 2005

"A midi il se tirerait une balle, et un homme qui a décidé de se suicider est un dieu."

Un Coup d'aile,Vladimir Nabokov.


Beauté de scénettes vives, cinématographiques, se succédant en séquences alertes, une description d'une mobilité et d'une légèreté incroyable :

"Il fallut claquer la fenêtre : la pluie, en frappant le rebord, éclaboussait le parquet, les fauteuils. D'immenses spectres d'argent surgissaient en glissant dans un bruissement frais, à travers le jardin et les feuillages, sur le sable orangé. La gouttière grondait et gargouillait. Tu jouais du Bach. Le piano avait soulevé son couvercle laqué, sous le couvercle il y avait une lyre posée à plat, les marteaux frappaient les cordes. Un tapis de brocart glissa du piano, en plis grossiers, entraînant par terre une partition ouverte. A travers l'effervescence d'une fugue de Bach, parfois, une bague cliquetait sur les touches et une averse de juin frappait incessamment et magnifiquement contre les vitres. Sans cesser de jouer, et après avoir légèrement penché la tête, tu t'écrias en mesure, d'une voix involontairement chantante : "La pluie, la pluie... Je-joue-plus-fort-qu'elle...Mais tu ne jouais pas plus fort."

Bruits, Vladimir Nabokov.

Son attention aux couleurs (en bon lépidoptériste ?) :

"la boue était grassement mauve, une eau pleine de bulles, de la couleur du café au lait, stagnait dans les fondrières."... "devant une auberge à l'enseigne turquoise."

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.