J'aime beaucoup les entretiens de Lucien Jerphagnon (et par le même coup j'entend reparler ici et là de Jankélévitch). J'en cite un passage savoureux, mais il faut tout écouter, tant que c'est en ligne.
"- Ceux qui disent, « circulez, il n’y a rien à croire, vous ne les aimez pas beaucoup ?
- Je ne les aime pas beaucoup, non parce que… voilà ils m’agacent un peu parce qu’ils ne se laissent jamais non pas convaincre, j’ai jamais convaincu personne ni jamais surtout eu envie de convaincre quiconque, mais ils ne se laissent pas, comment dirais-je, raconter un peu pourquoi des gens ont pu croire à quelque chose. Ils estiment dès le départ que croire à quelque chose, c’est prouver qu’on est un crétin. Or, pas du tout… On peut rester un crétin en croyant à quelque chose, on peut être tout aussi crétin en ne croyant à rien. Or les gens se figurent toujours que c’est beaucoup mieux de ne croire à rien, ça libère … pas du tout, parce qu’immanquablement, ils transposent. Le besoin d’espérance que nous avons tous en nous, ils le transposent sur un autre idéal, un idéal à la hauteur des pâquerettes, … on a cru à des tas de choses, s’il fallait que je fasse la liste des mythes auxquels on croit aujourd’hui… - A commencer par la nécessité de ne croire en rien ? – Par exemple ! qui est un des beaux mythes, ça c’est un mythe redoublé, il faut ne croire en rien, parce qu’il paraît qu’on en est mieux, qu’on se porte mieux. Je ne trouve pas. J’ai été tenté, à un moment, de désespoir, par l’athéisme, de désespoir métaphysique un peu, et puis je me suis aperçu que ça ne menait à rien, et je ne vois pas pourquoi… tant et si bien que j’ai gardé ce qu’on peut appeler une foi, mais une foi qui n’est pas assujettie à des dogmes. Bergson disait quelque part à propos du comique, que le comique c’est ce qu’on obtient quand on plaque du mécanique sur du vivant. – Oui et vous riez vous-même de ceux qui plaquent la raison sur le mythe ? – Voilà, exactement ! On plaque de la raison sur du mystère, alors on obtient un petit monstre logiquement conçu, qui est un dogme…"
"- Ceux qui disent, « circulez, il n’y a rien à croire, vous ne les aimez pas beaucoup ?
- Je ne les aime pas beaucoup, non parce que… voilà ils m’agacent un peu parce qu’ils ne se laissent jamais non pas convaincre, j’ai jamais convaincu personne ni jamais surtout eu envie de convaincre quiconque, mais ils ne se laissent pas, comment dirais-je, raconter un peu pourquoi des gens ont pu croire à quelque chose. Ils estiment dès le départ que croire à quelque chose, c’est prouver qu’on est un crétin. Or, pas du tout… On peut rester un crétin en croyant à quelque chose, on peut être tout aussi crétin en ne croyant à rien. Or les gens se figurent toujours que c’est beaucoup mieux de ne croire à rien, ça libère … pas du tout, parce qu’immanquablement, ils transposent. Le besoin d’espérance que nous avons tous en nous, ils le transposent sur un autre idéal, un idéal à la hauteur des pâquerettes, … on a cru à des tas de choses, s’il fallait que je fasse la liste des mythes auxquels on croit aujourd’hui… - A commencer par la nécessité de ne croire en rien ? – Par exemple ! qui est un des beaux mythes, ça c’est un mythe redoublé, il faut ne croire en rien, parce qu’il paraît qu’on en est mieux, qu’on se porte mieux. Je ne trouve pas. J’ai été tenté, à un moment, de désespoir, par l’athéisme, de désespoir métaphysique un peu, et puis je me suis aperçu que ça ne menait à rien, et je ne vois pas pourquoi… tant et si bien que j’ai gardé ce qu’on peut appeler une foi, mais une foi qui n’est pas assujettie à des dogmes. Bergson disait quelque part à propos du comique, que le comique c’est ce qu’on obtient quand on plaque du mécanique sur du vivant. – Oui et vous riez vous-même de ceux qui plaquent la raison sur le mythe ? – Voilà, exactement ! On plaque de la raison sur du mystère, alors on obtient un petit monstre logiquement conçu, qui est un dogme…"
C'est vrai qu'on entend de nos jours plus souvent de stupides platitudes dans la bouche des athées que dans celle des croyants. Au moins les croyants ont appris à se défendre, depuis le temps 1/ qu'ils s'étripent entre eux 2/ qu'on bat la religion en brèche. Etant sommés de trouver des arguments qui tiennent la route pour au moins expliquer excuser leur naïveté de gogos, les "espérants" doivent un peu aiguiser leur esprit chaque jour face au gnangnantisme incrédule qui a succédé à la religiosité sur le podium du conformisme. Par contre les athées ne font guère de progrès dans l'argutie... par moment, difficile de ne pas se tenir les côtes, tant toutes les répliques sont prévisibles dans leur niaiserie, et naturellement, tout finit en engueulades d'autant plus violentes qu'elles n'ont guère de substance, psychodrames dans une cour de récré... là-dessus, je préfère Ivan Karamazov, son "si un tel Dieu existe, je lui rend mon billet" a plus de gueule. Non, snif, il n'y a plus de bons débats théologiques.
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