Qâzî Sa'îd Qommî et sa métaphysique du Temps :
"Je ne veux pas dire que la totalité (de cette unité formée par la personne) soit existante dans le moment présent (le nunc). Il ne nous est pas plus possible de le dire que de dire, en considérant sa dimension dans l'espace, que la totalité de cette dimension existe, par exemple, dans la partie centrale. Je ne dis pas non plus que le temps passé soit existant dans les choses qui pour toi sont restées en arrière (dépassées), ni que le temps futur soit existant dans les choses à venir, puisque le temps n'est pas quelque chose qui a un temps et un lieu (et que cela reviendrait à parler d'un temps du temps futur et d'un temps du temps passé). Non pas, je dis que le temps qui est à tes yeux le temps passé, et que le temps qui est à tes yeux le temps futur attendu, en fait se tiennent embrassés l'un l'autre (ta'âqanâ) au regard de l'horizon suprême, et se tiennent à jamais embrassés pour celui devant qui il n'y a ni matin ni soir."
Embrassés l'un l'autre... et là je pense à mes dragons entrelacés...
Henry Corbin ajoute ensuite : "Qâzî Sa'ïd évoque les feuillets du livre qui seront déployés pour chaque homme au jour de la Résurrection. Les feuillets, ce sont les jours qui se succèdent, son quantum de temps à l'échelle de ce monde; le livre est l'ensemble de la vie. Et c'est au livre tout entier que correspond le malakût du temps de chacun; les feuillets que l'on tourne disparaissent si peu, qu'un être du Malakût peut les tourner à volonté dans un sens ou dans l'autre, et dans le grand Livre du monde il peut lire d'avance les feuillets. Puis notre auteur propose cette comparaison : "Reste une heure au bord d'un fleuve à contempler l'eau qui s 'écoule. Tu ne penseras certainement pas que l'eau qui s'est éloignée de toi, a cessé pour autant d'exister. Eh bien, il se peut que pour un groupe d'entre les hommes au coeur pur, il en aille pour le cours du temps comme pour le cours du fleuve."
Plus loin : "...il reste que Qâzî Sa'îd est un de ces philosophes et spirituels iraniens dont a beaucoup à apprendre celui qui veut non pas "être de son temps", "vivre avec son temps", suivant la devise triviale de nos jours, mais être son propre temps à lui et l'être intégralement."
Être son propre temps à soi et l'être intégralement. Voilà, tout est dit.
"Je ne veux pas dire que la totalité (de cette unité formée par la personne) soit existante dans le moment présent (le nunc). Il ne nous est pas plus possible de le dire que de dire, en considérant sa dimension dans l'espace, que la totalité de cette dimension existe, par exemple, dans la partie centrale. Je ne dis pas non plus que le temps passé soit existant dans les choses qui pour toi sont restées en arrière (dépassées), ni que le temps futur soit existant dans les choses à venir, puisque le temps n'est pas quelque chose qui a un temps et un lieu (et que cela reviendrait à parler d'un temps du temps futur et d'un temps du temps passé). Non pas, je dis que le temps qui est à tes yeux le temps passé, et que le temps qui est à tes yeux le temps futur attendu, en fait se tiennent embrassés l'un l'autre (ta'âqanâ) au regard de l'horizon suprême, et se tiennent à jamais embrassés pour celui devant qui il n'y a ni matin ni soir."
Embrassés l'un l'autre... et là je pense à mes dragons entrelacés...
Henry Corbin ajoute ensuite : "Qâzî Sa'ïd évoque les feuillets du livre qui seront déployés pour chaque homme au jour de la Résurrection. Les feuillets, ce sont les jours qui se succèdent, son quantum de temps à l'échelle de ce monde; le livre est l'ensemble de la vie. Et c'est au livre tout entier que correspond le malakût du temps de chacun; les feuillets que l'on tourne disparaissent si peu, qu'un être du Malakût peut les tourner à volonté dans un sens ou dans l'autre, et dans le grand Livre du monde il peut lire d'avance les feuillets. Puis notre auteur propose cette comparaison : "Reste une heure au bord d'un fleuve à contempler l'eau qui s 'écoule. Tu ne penseras certainement pas que l'eau qui s'est éloignée de toi, a cessé pour autant d'exister. Eh bien, il se peut que pour un groupe d'entre les hommes au coeur pur, il en aille pour le cours du temps comme pour le cours du fleuve."
Plus loin : "...il reste que Qâzî Sa'îd est un de ces philosophes et spirituels iraniens dont a beaucoup à apprendre celui qui veut non pas "être de son temps", "vivre avec son temps", suivant la devise triviale de nos jours, mais être son propre temps à lui et l'être intégralement."
Être son propre temps à soi et l'être intégralement. Voilà, tout est dit.