mardi 5 février 2008

Les soufis fondateurs et les confréries

Sur Abû 'Alî Hasan ibn Muhammad al-Daqqâq Nishapurî :
"J'ai entendu un vieillard raconter qu'un jour, il alla à l'endroit où al-Daqqâq tenait ses réunions, avec l'intention de l'interroger au sujet de l'état de ceux qui placent leur confiance en Dieu. Al-Daqqâq portait un beau turban, fabriqué en Tabaristân, dont le vieillard avait envie. Il dit à al-Daqqâq : "Qu'est-ce que la confiance en Dieu ?" Le shaykh répondit : "S'abstenir de désirer les turbans des autres." Ce disant, il jeta son turban au vieillard."

Sur l'enivrement mystique :

"Mon shaykh, qui suivait la doctrine de Junayd, avait coutume de dire que l'enivrement est le terrain de jeu des enfants et la sobriété le champ de bataille des hommes."



De l'ascèse et de la mortification :

"Ce n'est pas celui qui fournit le plus d'effort qui est en sécurité, mais celui qui a le plus de grâce qui est le plus près de Dieu. Un ermite priant dans sa cellule peut être éloigné de Dieu, et un pécheur dans une taverne peut être proche de lui. La chose la plus noble du monde est la foi d'un enfant qui n'est pas soumis à la sharia et qui, à cet égard, appartient à la même catégorie que les fous ; si la mortification n'est pas la cause du plus noble de tous les dons, aucune cause ne s'avère nécessaire pour ce qui est inférieur."

"L'un dit : "Celui qui cherche, trouvera" et l'autre dit : "Celui qui trouve, cherchera." Chercher est la cause de trouver, mais il est également que trouver est la cause de chercher. Les uns pratiquent la mortification en vue d'atteindre la contemplation, et les autres s'adonnent à la contemplation afin de parvenir à la mortification."

"La cause de la réalisation est la réalisation elle-même, non l'action de chercher la réalisation ; si le chercheur ne faisait qu'un avec l'objet recherché, le chercheur serait uni à ce qu'il cherchait, et dans ce cas, il ne serait pas un chercheur ; celui qui est arrivé est en repos, et le chercheur est dans le mouvement."
"En résumé, les soufis sont unanimes à reconnaître l'existence de l'ascèse et des autorités, mais considèrent qu'il est mal de leur attribuer de l'importance. Ceux qui nient l'ascèse ne veulent pas pour autant nier sa réalité, mais seulement refuser qu'on y prête attention, ou que l'on soit orgueilleux de ses propres actions en les considérant comme saintes, étant donné que la mortification est l'acte de l'homme, tandis que la contemplation est un état dans lequel on est maintenu par Dieu, et les actions de l'homme ne commencent à acquérir de la valeur que lorsque Dieu le maintient en cet état.
La mortification de ceux que Dieu aime est l'oeuvre de Dieu en eux, sans aucun choix de leur part ; elle les subjugue et les consume, c'est là une faveur divine ; mais la mortification des hommes ignorants est leur oeuvre personnelle en eux-mêmes et par leur propre choix ; cela les trouble et les afflige. Et l'affliction est due au mal."

Hujwirî, Somme spirituelle, III, Les Soufis fondateurs et les confréries, trad. Djamshid Mortazavî

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.