"Lorsque les Lumières-Espahbad ont vaincu les substances nyctiphores, lorsque leur amour et leur ardent désir du monde de la Lumière se sont intensifiés, lorsqu'elles resplendissent de l'éclat des Lumières archangéliques et qu'enfin l'habitus de se conjoindre avec le monde de la Lumière pure est actualisé en elles, alors, au moment où se dissout la citadelle de [leur corps], elles ne sont pas entraînées vers d'autres citadelles, si parfaite est leur force et si intense l'attraction qui les entraîne vers les sources de la Lumière."- 237.
"Lorsque tu as compris que la jouissance consiste en ce qu'un être atteigne à ce qui lui correspond, et en ce que cet être perçoive qu'il a atteint cette chose ; qu'en revanche la souffrance d'un être consiste en ce qu'il ait conscience d'avoir atteint quelque chose en discordance avec lui-même, et qu'il le perçoive quant à cette discordance ; [lorsque d'autre part tu as compris] que tous les actes de connaissance viennent de la Lumière immatérielle, car il n'est rien de plus cognitif que celle-ci - , alors il n'est rien qui soit plus sublime ni plus délectable que sa perfection et que d'être en accord avec elle." - 238.
241.- De même que pour celui qui perçoit la Lumière immatérielle, l'acte de perception et l'objet perçu ne se comparent pas avec les trois homologues qui leur correspondent dans les êtres de Ténèbres, de même sa jouissance ne se compare pas avec les leurs et ne saurait même être conquise par ceux-ci en ce monde. Comment les comparer, étant donné que toute jouissance physique (barzakhîya) elle-même se produit grâce à quelque chose qui a la nature de la Lumière qui émane sur les barzakhs ? Si bien que même le plaisir sexuel est une émanation (rashh) des jouissances vraies ?
Celui qui recherche ce plaisir ne désire pas le contact de l'inerte. Ou plutôt il ne désire qu'un écran (barzakhs ?) et une beauté dans laquelle il est un mélange lumineux (shawb nûrî). Enfin son plaisir est rendu complet par la chaleur, laquelle est un amant de la Lumière et l'un de ses causés, et par le mouvement, qui est aussi un amant de la Lumière et un de ses causés. Sa double puissance d'amour et de domination se met en mouvement, de sorte que le membre masculin (dhakar) veut s'emparer du partenaire féminin. Tombe alors du monde de la Lumière, sur le masculin, un amour s'accompagnant de force, et sur le féminin un amour s'accompagnant de douceur ; le rapport étant analogue au rapport entre la cause et le causé, comme on l'a exposé précédemment. Et chacun des deux veut ne faire qu'un avec son compagnon, afin que soit levé le voile du corps. Et cela, c'est, chez la Lumière-Espahbad, la recherche des jouissances du monde de la Lumière dans lequel il n'y a pas de voile."
Le Livre de la Sagesse orientale, Shihab al-Dîn Sohrawardî, Livre V, II, Où l'on montre la délivrance des âmes pures retournant au monde de la Lumière.
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