Ouragan sur la Louisiane, les islamistes y voient le châtiment de Dieu contre les Croisés en stetson, ce que récusent bien sûr, indignés, les dévots américains qui y voient eux un châtiment de Dieu contre la société pécheresse. Une bousculade bien meurtrière à La Mecque puis un ferry qui sombre de retour du hajj, les salafistes y verront-ils encore la colère de Dieu contre eux ? Pas sûr, Dieu c'est bien connu, ne peut taper que l'ennemi, la brebis douteuse ou galeuse... Ce sera sans doute un châtiment contre les mauvais musulmans, les tièdes, les non-Salafistes. Bien sûr, il aurait pu couler un ferry danois pour bien faire, mais Alla ul-Haqq !
Les athées diront que c'est la preuve qu'il n'y a pas de Dieu, comme si Dieu ne pouvait être que bon ! ça me rappelle ce passage du Journal de Nabe, écrit avec l'accident de RER de la gare de Lyon, qui avait été une jolie boucherie :
""Il n'y a pas de Bon Dieu", disent les naïfs. Si justement, il y en a un ! C'est justement dans ces circonstances qu'il est plus présent que jamais. C'est Bloy qui m'a fait comprendre ça. J'en suis maintenant persuadé. Je dirais même que Dieu est toujours absent quand tout va bien. Le drame, l'horreur, les accidents surtout qui déchirent si fort la vie sont des manifestations de Dieu : il bouge le petit doigt. On sent sa présence. Il s'exprime, par la sanction ! Dieu est en colère contre l'impiété de l'homme et donc le punit en tapant là où ça fait mal, dans le tas d'innocents à coups de hasard... C'est dans ces moments-là qu'on est sûr que Dieu existe...
Pourquoi ces accidents horribles ? Parce que l'homme n'est pas gentil avec Dieu."
M.E. Nabe, Kamikaze, p. 2734.
En parlant de Bloy, lui vit dans l'éruption de la montagne Pelée du 8 mai 1902 un lien direct, un clin d'oeil divin ? avec la première communion de sa fille Véronique :
"10 mai 1902. Premières nouvelles de l'immense catastrophe de la Martinique. Trente mille morts en quelques secondes, à l'heure précise de la première communion de Véronique ! Le hasard n'existant pas, cette extermination était indispensable pour que fût contrebalancée, dans l'infaillible Main, l'acte prodigieux de notre enfant. Il ne fallait pas une victime de moins à cette innocente et le volcan, depuis des siècles, attendait son signe."
trouvé sur http://kalima.hautetfort.com/
RépondreSupprimertexte d'abdellatif Laâbi paru dans un journal égyptien francophone
Manifeste
Ici La voix des Arabes libres. La voix de ceux, celles qui ont décidé de briser la loi du silence, combattre le mensonge, redonner la voix aux sans voix, faire entendre le cri des suppliciés, rejeter les chaînes de la soumission, dénoncer les grandes et petites chaînes de la soumission, dénoncer les grandes et petites lâchetés, démasquer les assassins et leurs commanditaires, mettre à nu les mécanismes de la corruption et du pillage, lever le voile sur les misères matérielles et morales, bref, s’insurger contre la fatalité et libérer le cours de l’espoir.
Nous émettons de quelque part. D’un lieu inconcevable pour l’imagination courte des tyrans, de leurs sbires et des paternalistes de tout acabit. Désert primordial où la parole rebelle fut conçue, où l’arbre de la mémoire surgit, plongea ses racines dans la terre assoiffée de justice, déploya sa frondaison pour accueillir la palabre des chercheurs de vérité aux lèvres gercées d’énigmes, à la face inspirée par le message d’errance.
Ici La voix des Arabes libres. Hommes et femmes refusant l’uniforme simiesque, le garde-à-vous, l’hymne vengeur, les bruits de bottes, les marches forcées, les barbelés de la patrie, la bêtise des consensus, la peste de l’orgueil, la prison de l’unique langue, de la religion unique, le folklore débilitant des signes distinctifs : coiffures, couvre-chefs, fichus, barbes, maquillage, médaillons, pendentifs, anneaux, chapelets, amulettes et toute la quincaillerie bimbeloterie ayant servi depuis belle lurette à berner les peuples innocents. Autant de linceuls prévus pour nous dès le berceau que nous lacérons par plaisir pur et jetons à la face hideuse des molochs qui ont voulu nous enterrer vivants.
Car vivants, nous le sommes, et nous aimons la vie au-delà du supportable. D’autres ne se rendent par compte qu’ils sont vivants. La vie s’offre à eux en pure perte, par distraction, et c’est par distraction qu’ils la prennent, ou alors la routine, comme les piètres copulateurs du vendredi ou du dimanche.
Nous les désirants, les languissants, les brûlés à l’intérieur, les fous d’amour, nous suivons à la trace, à l’odeur et même à la rumeur. « Nous faisons nos ablutions avec notre sang », et nous psalmodions jusqu’à l’évanouissement. Nous mendions à sa porte sans rien perdre de notre dignité. Ah ! Quel festin, les miettes qu’elle daigne nous jeter !
Ici La voix des Arabes libres, frères et sœurs siamois de tous les humains libres. Comme eux candidats à l’arrachement et aux exils.
L’intérieur d’abord, quand on répugne à hurler avec les loups, applaudir avec la claque, courber l’échine avec les larbins, et que le partage se réduit à la portion congrue, aux petits plaisirs glauques et leurs lendemains qui déchantent. Quand l’identité s’arrête à un lieu de naissance, un nom, une croyance. Quand la différence exclut et stigmatise. Quand le tribut versé à la quiétude de l’appartenance vide inexorablement le trésor de l’âme. Quand la marge extrême devient l’unique lieu vivable et vous condamne au carrousel aveugle du malheur.
L’extérieur ensuite. Ô les chemins minés de l’exil ! Et au terme de l’exode, la terre promise qui se dérobe immédiatement sous vos pieds. La fêlure qui s’installe. Vous ne saurez jamais vraiment ici, ni vraiment là-bas. Œil schizophrène. Battement du cœur et son double. Fantômes de l’enfance à chaque coin de rue. Amertume de la dernière gorgée du meilleur cru dans le plus beau des calices. Mais peu à peu, vous vous faites une raison. Dur réapprentissage. Vous habitez l’abri flottant du provisoire. Et surtout vous découvrez que vous n’êtes pas seuls. Vous faites partie dorénavant d’un peuple mutant, d’une tribu fraternelle exemptée du prix du sang, se riant des frontières, éprise de questions, hantée par l’infini, non celui géographique des horizons, mais l’humain pétri de chair et d’esprit, et que l’on ne peut scruter qu’avec l’œil du cœur.
Ici La voix des Arabes libres. Nous vous parlons de quelque part, et le temps nous est compté. Car, n’hésitons pas à le dire, nous faisons partie d’une espèce menacée de disparition. L’air se raréfie autour de nous tant la pollution est généralisée, la pire pour nous étant celle du langage. Que d’oiseaux-lyres mazoutés peinent à remuer leurs ailes dans nos gorges. Que de roses assiégées par les immondices n’ont plus à cœur de libérer leur parfum. Que de mots nobles et sincères sont traînés dans la boue, prostitués et vendus à la criée sur les panneaux de réclame.
Nous nous insurgeons contre cette aphasie programmée dont le dessein, cousu de fil blanc, est le conditionnement des consciences avant leur mise à mort.
Aussi notre message, s’il doit y en avoir un, se résume-t-il en un seul mot tocsin : résistance ! Oui, les périls montent, y compris dans « la maison de l’âme ».
Nous en appelons au sursaut de l’humain en l’homme. Il s’agit de reconquérir, dans le noyau enténébré de l’identité humaine, cette part lumineuse que bien des messagers se sont évertués à nous révéler et dont il est arrivé à nos prédécesseurs les mieux inspirés de faire bon usage, érigeant ainsi de rares Andalousies qui n’attirent plus de nos jours que des cyclopes à la gâchette facile, consommateurs effrénés du fugace et du rien, dépourvues d’écho, coupées de leur assise ombilicale.
Ici La voix des Arabes libres. Pour des raisons d’éthique, nous émettons de nuit plutôt que de jour. Tant d’étoiles se meurent et s’éteignent en nous à notre insu. Nous voulons honorer notre serment de veilleurs de la condition humaine. Garder pour cela les yeux ouverts, les facultés aux aguets, cultiver l’insomnie, entretenir le feu sacré, les pâturages du rêve, le don de la vision, sans cesse affûter le tranchant de la parole pour accueillir à l’heure dite ses vagues inspirées, sa coulée primitive, ses vaticinations et sa transe, ses tambours de rappel à l’insoumission, ses violons et ses flûtes faisant se dresser les mamelons, ses luths égrenant la trouble chamade des chrysalides au bord de l’élan vital.
Chaque nuit, nous émettrons jusqu’à l’aube. Contrairement aux haut-parleurs du matraquage sonore, nous entrecouperons nos programmes de plages de silence. Car il n’est de parole vraie que celle fécondée par le silence consenti. Espace et temps du retour sur soi, de l’examen, du doute, des petites lumières et de l’illumination, du souffle évanescent de la grâce.
Voici donc. La main de l’aube va bientôt effacer la planche inspirée de la nuit. C’est le moment pour les descendants de Schéhérazade de se retirer sur la pointe des pieds. Et demain, il faudra recommencer. Car le glaive sera de nouveau suspendu sur nos têtes. Jusqu’à quand ?
Je parlais pas des Arabes mais des musulmans. Faut arrêter de confondre.
RépondreSupprimerl'homme qui a écrit ce texte est profondément musulman
RépondreSupprimer"Ici La voix des Arabes libres". Un adogmatique ? quelle horreur ! :))
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