vendredi 3 décembre 2004


"Chanson lyrique (1970)
à Marina

Les pattes des sapins tremblent, enneigées,
Et l'oiseau lance ses trilles, effrayé.
Tu vis en plein coeur d'une forêt charmée
D'où l'on ne peut jamais s'évader.

Que les merisiers se dessèchent au grand vent,
Qu'en averse le lilas défleurisse,
Je t'arracherai à ta forêt pourtant,
Pour le palais où les syrinx retentissent.

Ton monde, pour des siècles où les mages veillent,
Est gardé de moi et de la clarté,
Et tu crois que rien au monde n'est merveille
Que ce bois, cette forêt enchantée.

Que meure la rosée aux feuilles du levant
Et que la lune chamaille le ciel amer,
Je t'arracherai à ta forêt pourtant
Pour la chambre claire au balcon sur la mer.

Quel sera le jour et quelle sera l'heure,
Où prudemment, tu viendras à moi ?
Je t'emporterai dans mes bras de voleur
Nul, à nous trouver, ne parviendra.

Si le vol te sied, je me ferai bandit,
Tant d'amour en vain serait-il gâché ?
Accepte, je te prie, une simple hutte si
Et la chambre et le palais sont occupés."

V. Vissotsky, Ballades, trad. Michel et Robert Bedin, Les éditions de Janus.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.