Seul dans Berlin, Hans Fallada.Elle comprit à cet instant que, par cette première phrase, il avait déclaré la guerre, aujourd'hui et à jamais. Confusément, elle comprit ce que cela signifiait. D'un côté, eux deux, les pauvres petits travailleurs insignifiants, qui pour un mot pouvaient être anéantis pour toujours. Et de l'autre côté, le Führer et le Parti, cet appareil monstrueux, avec toute sa puissance, tout son éclat, avec derrière lui les trois quarts, oui, les quatre cinquièmes de tout le peuple allemand. Et eux deux, seuls ici, dans cette petite chambre de la rue Jablonski !...
Qu'étaient-ils il y a encore un instant ? Ils avaient mené des existences inconnues, dans un grand fourmillement sombre. Et à présent les voilà tout seuls, tous les deux unis, élevés sur le pavois. Il fait un froid glacial autour d'eux, tant ils sont seuls.
mardi 8 septembre 2009
Seuls dans Berlin
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