mardi 9 novembre 2004

"La fidélité à soi est une belle chose ; mais il y a une vertu qui est peut-être plus rare encore : c'est le consentement à évoluer, le courage de se dédire, enfin cette espèce d'humilité dont les renégats sincères ont tant besoin pour briser en eux l'entraînement des décisions irrévocables. Mieux encore : la fidélité profonde consiste, non point du tout dans une cohérence imperturbable, mais au contraire dans ces hérésies et apostasies d'une âme courageuse qui ne craint pas de se renier elle-même et de tourner casaque. Hermann Cohen parle quelque part d'une fidélité qui est évolution et diversité. Si la fidélité grammatique demeure attachée à la lettre, dût la sincérité en souffrir, la fidélité pneumatique préfère, fût-ce au prix d'une rétractation, perpétuer l'esprit constituant qui posa le premier acte de la fidélité thétique. Celle-là devient infidèle à force de fidélité, celle-ci ne craint pas d'être infidèle par amour de la fidélité. Abjurer n'est pas toujours se parjurer."

Vladimir Jankélévitch. La Mauvaise Conscience.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.