samedi 7 août 2010

Hebdomada XVIII per annum

Je poursuis Le Choix de Sophie, roman que j'aime lire, dont j'aime l'écriture, alors que l'histoire elle-même, a priori, n'avait rien pour me passionner (j'en ai d'ailleurs lu tout le résumé sur wikipedia). Mais j'aime cette écriture et cette narration.

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Je suis fan du bento que je me suis fait offrir pour mon anniversaire.

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Deux ou trois fois cette semaine, rêvé de consultations avec des psy, un ou deux médecins, mais de l'âme. Des rêves de leçons, quand même pas de grands messages d'Outre-Monde, parce que je ne m'en souviens à peine. Cette nuit, un toubib ou psy à cheveux gris. Venais-je de parler de mes  moments de désespoir ? Il m'interrogeait : "As-tu vraiment connu le désespoir ? Pas la douleur noire, la nuit, mais le point gris, plat, où l'on reste immobile, où l'on n'écrit plus ?" Je m'arrêtais net dans mon cinoche, et devais admettre : "Non." "Alors tu n'as jamais connu/vécu le désespoir ?" "Non."  Et voilà. Je ne sais pas exactement si c'était un reproche, une mise au point ou peut-être, aussi, en même temps, une façon de me signifier que je n'avais pas à me dénigrer tant que ça, que mon cas n'était pas aussi "désespéré", justement.

J'avais oublié ce rêve. Je m'en suis souvenu brusquement en lisant, le lendemain, ce passage :

Et, de même, écrire ne saurait avoir son origine que dans le "vrai" désespoir, celui qui n'invite à rien et détourne de tout et d'abord retire sa plume à celui qui écrit. Cela signifie que les deux mouvements n'ont rien de commun que leur propre indétermination, n'ont donc rien de commun que le mode interrogatif sur lequel on peut seulement les saisir. Personne ne peut se dire à soi-même : "Je suis désespéré", mais : "tu es désespéré ?" et personne ne peut affirmer : "J'écris", mais seulement "écris-tu ? oui ? tu écrirais ?" M. Blanchot, De Kafka à Kafka.

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Ce matin, impossible de mettre la main sur mon ipod. Je dois m'en passer. Je me dis que ce sera une occasion d'écouter autre chose, les bruits de l'été et du matin. En fait, tout me frappe par sa laideur. Les piaulements suraigus des chiards, tous occupés à faire une crise sur mon passage, les voitures, les portillons électriques vrombissants, ou qui claquent, tout est criard, discordant, pénible, les sons humains comme les sons mécaniques. Décidément, hormis le non-silence de la nature, je n'aime entendre que la musique.

Et puis l'idée me frappe que ce que je supporte le moins, par exemple les hurlements perçants des marmots, doit être à peu près l'effet que je fais aux Anges des sphères à chaque fois que je me mets en rage (intérieure) ou que je grogne, pour un oui ou pour un non, par exemple paumer son ipod chez soi, ou se mettre de mauvaise humeur toute seule à la vue d'un appartement en désordre : cela aussi est discordant, intempestif et stupide, et j'imagine que dans les hauteurs, on doit soupirer aussi en se bouchant les oreilles : "Vivement que ça grandisse un peu !"

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Quand les choses du dehors et du dedans m'agacent, je deviens d'une maladresse physique extrême. Je fais tout tomber – ou tout me tombe des mains –, je me cogne, je perds tout. D'abord, je pensais que c'était justement là l'effet de mon impatience et de la mauvaise humeur : on n'est plus en harmonie avec le monde, alors il se venge ; mais, en fait,  je me demande si ce n'est pas là son message, son sage conseil : "Laisse tomber, lâche prise sur tout !" Je vais en faire mon profit. Pareil pour le fait d'oublier un objet (j'oublie toujours tout) : "Justement, oublie tout, fous-toi de tout, laisse ça derrière toi, ce n'est pas toi, ça ne t'appartient plus si tu le lâches."

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.