samedi 10 juillet 2010

Hebdomada XIV per annum

Lu d'une traite Journal d'un curé de campagne. Religion aussi noire, aussi morbide que chez Barbey mais sans cet attrait pour l'envers du monde, le diable et ses rires, que l'on imagine chez Barbey et qui, paradoxalement,  lui donnent une meilleure santé morale. Là, devant tous ces curés à problèmes et ces chrétiens haineux, le catholicisme, ça donne vraiment pas envie : un asile pour névrosés. Un seul passage un peu sensé, à un moment, quand le curé de Torcy dit au héros qu'en Occident, par peur des "hérésies orientales", on ne prie pas assez les Anges. Il a bien raison. Il me semble que les Anges sont cet apport sec, lumineux, qui balaie tout ce qu'il peut y avoir de malsain, de ranci, de moisi dans les églises. 

Tout de même, moi qui ai une réelle allergie au culte marial, que je vois presque comme une trahison du Christ, j'ai été un instant touchée parce qu'il dit de Marie, et aussi ces pauvres femmes, ces pauvresses qui subissent les lois, qui disent oui, qui suivent : qu'est-ce qu'on lui demandait de plus que d'être un ventre ? Sans épousailles. Rien de plus. Prête-moi ta chair. Tout le reste, immaculée conception, virginité perpétuelle, dormition-assomption : fariboles.

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Rangement et classement de ma bibliothèque toujours en cours – certes, je prends mon temps. Des piles de bouquins arrivés soudain à l'institut et de nouveau, classement, rangement, déplacement. Confirmation : Je déteste les livres, l'objet-livre. J'adore les papiers, les plumes, les encres, mais pas les livres. C'est lourd, ça se fait nid à poussière, c'est bête à pleurer quand ça se casse la gueule en pile, quand ça s'écroule comme château de cartes, c'est poussiéreux, ça prend de la place et ce n'est même pas beau, surtout quand je repense à la beauté d'un "livre" illustré que j'ai feuilleté sur un ipad. Je suis pour le support numérique, aérien, léger, intangible, et qui rallie en même temps sons et couleurs. 

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Relecture du Lord of the Rings, et je me refais les films de Jackson en même temps. C'est assez drôle, avec toutes mes lectures sacrées, pieuses ou philosophiques ou pieusement philosophiques, que le livre que je reprends constamment dans les moments de transition ou de crise, ou de mutation, soit toujours celui-là, depuis mes 20 ans, mais c'est ainsi. Il se peut que si j'avais à emmener un seul livre dans un ermitage, sur la route, sur un lit d'hôpital ou en prison, ce ne serait ni Sohrawardî, ni une bible, ni les Dialogue avec l'Ange, ni quoi que ce soit d'autre comme lecture spirituelle : juste Le Seigneur des anneaux, lecture "utile en voyage".

4 commentaires:

  1. Je découvre avec plaisir votre blog, qui a cette rare qualité de me donner envie de lire des livres à des années-lumière de mes lectures habituelles...

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  2. C'est Bernanos ou Tolkien la lecture 'exotique' pour vous ? :D

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  3. Si vous avez visité rapidement mon modeste ashram, vous avez certainement déjà la réponse ! Mais à vrai dire, Bernanos aussi est exotique à sa façon.

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  4. On n'y voit pas Tolkien c'est vrai, ni Ibn Arabî, ni Sohrawardî, ni Mollah Sadra... mais avec Jankélévitch et Blanchot, je ne me sens pas non plus perdue dans un monde étranger.

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Dans la vie on prend toujours le mauvais chemin au bon moment. Dany Laferrière.